Les trois derniers titres de Megg et Mogg de Simon Hanselmann (Megg & Mogg — Megahex, Megg & Mogg in Amsterdam, et One More Year – ont tous permis à la réputation de l’auteur de se cimenter et de faire de lui un des bédéistes les plus intéressants de sa génération. Bad Gateway est l’opus le plus imposant, complétant ce que les autres titres avant lui ont bâtis, alors que Megg et Mogg s’enfoncent dans une relation de plus en plus malsaine.
Saoul.es et défoncé.es en permanence, Megg et Mogg ont dérivé.es dans une vie déjantée et sans conséquences. Mais leur abus de substances, autrefois la porte à de nouvelles aventures, a commencé à avoir un impact sur leur santé mentale. Alors que son mode de vie instable semble la rattraper, Megg doit se tourner vers son passé pour découvrir les racines de ses habitudes et pattern d’auto-destruction qui l’ont amenés sur ce sombre chemin.
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Avec ses airs de dessins pour enfants, les romans graphiques de Megg & Mogg accroche facilement le regard. Le style est simple et semble jovial (à prime abord). Mais quand on se penche sur les dialogues et que l’on découvre les habitudes de vie des protagonistes, on réalise qu’on est très loin du livre jeunesse.
Megg (la sorcière), Mogg (son chat et petit ami……), Werewolf Jones (leur coloc loup-garou adepte de soirées plus qu’arrosées et à la personnalité limite) et Owl (leur ancien ami et ex-coloc hibou faisant souvent office de souffre-douleur) reviennent tous.tes pour un nouvel opus. Le tout est découpé un peu à la manière de bande-dessinée de »gag à la planche », c’est à dire des courtes histoires d’une page ou quelques pages maximum se terminant en général avec un punch. L’histoire évolue malgré tout à travers ces courtes histoires et, autant leurs comportements de squatteurs pouvaient nous amuser dans les derniers tomes, force est de dire que les personnages deviennent de plus en plus tristes. On les voit s’enfoncer dans la précarité puisque aucun.e d’eux.elles n’ont d’emplois, et donc plus assez d’argent pour payer le loyer et leurs différentes substances. Les personnages frappent un mur chacun leur tour : Mogg se voit obligé d’aller porter des CV dans n’importe quel commerce qui voudra de lui, Megg doute de plus en plus de sa relation avec Mogg depuis qu’elle a rencontrée une fille de son goût et Werewolf Jones doit s’occuper des nombreux enfants qu’il a eu avec ses différentes partenaires par le passé tout en alternant les fêtes défoncées.
Bien que le traitement graphique (et les personnages) semble faire appel à un univers assez naïf, les situations sont bien réelles. Peut-être que le récit est soutenable justement parce que les protagonistes sont personnifié.es par des êtres anthropomorphiques. Il y a assurément des moments complètement délirants qui nous font éclater de rire tellement les situations sont absurdes et vont loin (on pense notamment à la scène où Werewolf Jones reçoit ses amis vampires et ours pour une partouze-ecstasy, quand Megg, Mogg et Werewolf snif de l’amyl ou encore la rencontre entre Megg et le fonctionnaire devant décider si elle est éligible au renouvellement de sa prestation d’incapacité). On oscille entre les moments hilarants et malaisants, voir simplement pathétiques. Simon Hanselmann arrive malgré tout à rendre ces personnages attachants et nous avons déjà hâte de voir le prochain tome de la série.
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Bad Gateway – Simon Hanselmann
http://www.fantagraphics.com/bad-gateway/
Pages: 176
Couleurs
Format: Hardcover
ISBN-13: 978-1-68396-207-6
Année : 2019