Basse Fréquences

Samedi, le 27 juin 2020 marquera la 1,500e émission de l’émission hebdomadaire Basses fréquences, la plus vieille émission de musique jamaïcaine francophone des ondes montréalaises animée par Richard Lafrance, avec le DJ Masqué (André Breault) aux commandes musicales et le chroniqueur Philippe Renaud, sur les ondes de CISM 89,3 FM Montréal.

Basse Fréquences

Après un an en ondes de CHAI FM, Châteauguay avec l’émission anglophone Prime Time Reggae, le duo s’est tourné en 1990 vers CIBL FM pour diffuser un magazine musical et d’actualités jamaïcaines présenté en français. À l’époque, la communauté jamaïcaine montréalaise était encore en majorité unilingue anglophone et l’équipe s’était donné comme mandat de faire découvrir cette culture unique et vibrante aux auditeurs montréalais francophones. Samedi soir, le 23 juin 1990 à 20 heures, Basses fréquences entrait en ondes du 101,5 FM avec André Breault aux commandes musicales et à la réalisation (éventuellement surnommé le DJ Masqué à cause de sa discrétion en ondes) et Richard Lafrance à la recherche et à l’animation. Depuis 2012, le journaliste bien connu Philippe Renaud (Le Devoir, Radio-Canada, Paroles et musique) s’est joint au duo pour des chroniques sur l’actualité jamaïcaine, dépassant largement le milieu culturel.

En septembre 2017, au démantèlement de la programmation régulière de CIBL, l’équipe de Basses fréquences passe à CKVL FM, la radio communautaire de Lasalle, même heure, nouveau poste, pour les prochains mois. Puis, pour sa programmation d’été 2018, CISM 89,3 FM, la radio des étudiants de l’Université de Montréal lui offre une heure en fin d’après-midi, les dimanches. Sa plage horaire rapidement prolongée de 30, puis finalement de 60 minutes, l’émission tient maintenant fièrement l’antenne les dimanches de 16 à 18 heures, au 89, 3 FMcism893.ca.

En 30 ans, plusieurs acteurs locaux et internationaux du reggae leur ont rendu visite, incluant des selectors et propriétaires de sound systems, dont Wee Pow et Rory de StoneLoveSky Juice de MetroMedia et Tony Matterhorn. La culture des sounds systems québécoise a toujours été bien représentée sur Basses fréquences, avec la visite régulière de sounds montréalais, en entrevues et prestations, qu’il s’agisse de Little ThunderJames BondWorld WidePull Up SelectaSativa SoundQualité De Luxe ou autres. Quant aux chanteurs, DJs et autres personnalités du milieu, on peut penser à Sugar MinottTarrus RileyCocoa TeaHalf Pint, Mutabaruka, Danakil, Bigga Ranx, David Rodigan ou Roger Steffens, qui ont été reçus à l’émission.

À compter de 1990, l’émission a été enregistrée dans plusieurs clubs et bars : le Bar Chez Alain, aux Foufounes électriques, au Keur Samba, au Bar St-Laurent, au Blue Dog, au Kode Bar et au Groove Nation. Depuis presque dix ans, l’émission parvient maintenant préenregistrée des Studios SB, à Montréal, sauf en période de confinement, où l’équipe se réunit par Messenger.

Née d’un besoin

À la fin des années 80, le C.R.T.C. imposait aux radios commerciales la Programmation de premier plan, c’est-à-dire que chaque station devait fournir un nombre d’heures de programmation de musique spécialisée, bonifiée de contenu informatif. Or, les musiques catégorisées comme « spécialisées » de l’époque étaient rares : seuls le courant New Age (musique instrumentale nouvel âge) et le reggae en faisaient partie. À l’époque, Bob Marley était reconnu comme seule et unique superstar du Tiers-monde; le reggae fut donc la première « musique du monde » à s’imposer auprès d’un public rock et pop. Ainsi, sur CKOI, on retrouvait l’émission Reggae, Reggae; sur CHOMCaribeat avec Gary Steckles; sur MIX 9696 Degrees In The Shade et sur CKMF, une émission enregistrée la nuit, des studios de la JBC (Jamaica Broadcasting Corporation), en français! Pour tout fan de reggae qui se respectait, il devenait impératif de syntoniser toutes ces émissions hebdomadaires religieusement. Puis, vers, 1989, le C.R.T.C. abandonne l’imposition de premier plan aux radios commerciales et ces émissions spécialisées sont retirées des ondes, ce qui créa un besoin évident.

C’est au Nubia, bar reggae montréalais par excellence du moment, où André Breault, musicien et réalisateur et Richard Lafrance, journaliste et publiciste, tous deux anciens producteurs de radios étudiantes se rencontrent et frustrés de la situation, se lancent le défi de monter une émission reggae hebdomadaire pour partager leur passion de cette musique diffusée dans les dancehalls jamaïcains. En effet, « l’après-Bob » avait donné naissance au son dancehall, diffusé en Jamaïque comme à travers la diaspora, une musique presque inconnue à l’extérieur de la culture des sound systems.

C’est dans ce contexte, à l’invitation de la station CHAI radio communautaire de Châteauguay, qu’est née Prime Time Reggae en 1989, diffusé les samedis soir de 20 à 22 heures, en anglais. André et Richard s’étaient dit : on la fait une fois et si on aime… on continue!

Basses fréquences proposera une émission spéciale pour sa 1,500e dimanche, le 28 juin avec des invités spéciaux à être annoncés.

Points saillants

  • Le reggae fut la première musique du monde à s’imposer auprès d’un public rock et pop, vers le milieu des années 70;
  • Basses fréquences (1990-2020) est la plus vieille émission de musique jamaïcaine animée en français sur les ondes montréalaises;
  • Basses fréquences s’est donné comme mandat de réaliser une émission musicale et aussi un magazine d’actualités, tout en mettant de l’avant le son dancehall des années 80, une musique peu connue à l’extérieur de la culture des sound systems jamaïcains;
  • Au cours des 30 dernières années Basses fréquences est devenue la plateforme de choix des acteurs locaux et internationaux du reggae, une rendez-vous montréalais incontournable : chanteurs, DJs, selectors de sound systems, personnalités radiophoniques et historien du reggae y sont passés.

Crédit photo: Courtoisie