Fier de faire rayonner les artistes d’ici ayant marqué de façon significative notre histoire de l’art, le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) présente COZIC. À vous de jouer. De 1967 à aujourd’hui, du 10 octobre 2019 au 5 janvier 2020, la première rétrospective muséale consacrée à COZIC.
Un nom d’artiste qui intrigue, qui interpelle. Mais qui est donc COZIC? COZIC, c’est une entité artistique imaginée par Monic Brassard (née au Québec en 1944) et Yvon Cozic (né en France en 1942), deux artistes qui se sont rencontrés à l’École des beaux-arts de Montréal dans les années 1960. COZIC, c’est une œuvre pensée à deux têtes, tissée à quatre mains, qui rejette le mythe voulant que le génie créatif ne soit qu’individuel. COZIC, c’est une figure incontournable de l’art contemporain au Québec.
Appartenant à la génération d’artistes de la contre-culture ayant émergée au cours de la Révolution tranquille, COZIC a joué un rôle majeur dans le décloisonnement disciplinaire des arts visuels au Québec. En s’affranchissant des médiums traditionnels que sont la peinture et la sculpture; bouleversant ainsi l’idée même de l’œuvre d’art, il s’inscrit dans la mouvance des pratiques contemporaines, tant québécoises et canadiennes qu’internationales. COZIC a développé une œuvre unique marquée par une approche ludique et par l’utilisation de matériaux inusités.
Galerie photos Visite de presse COZIC au MNBAQ Crédit photos @Lise Breton https://www.flickr.com/photos/48796411@N07/albums/72157711265570607
Le Musée rend hommage à 50 ans de fantaisie et d’audace, à l’œuvre intemporelle de COZIC, qui sera présentée à l’occasion de cet événement de grande envergure dans les salles d’expositions temporaires du pavillon Pierre Lassonde. Une centaine d’incontournables, de 1967 à aujourd’hui, ont été rassemblés, des œuvres à découvrir, dont plusieurs œuvres participatives à toucher, à traverser, à décoder ou à sentir. Un univers déjanté et une créativité débordante à embrasser. À nous de jouer!
COZIC, ou comment rapprocher l’art de la vie
Le travail de COZIC est d’une polyvalence inouïe. Au fil du temps, il se démarque par une fascinante capacité à se renouveler. Il se développe de manière sérielle autour d’« obsessions », marqué par d’importants revirements esthétiques. On peut presque dire que COZIC n’est jamais là où on l’attend.
Contrairement à plusieurs artistes qui travaillent tout au long de leur carrière avec un seul médium, COZIC s’est très tôt libéré de cette contrainte pour s’engager dans une pratique multidisciplinaire. Le duo a ainsi conçu des œuvres en tissu, des sculptures sans socle composées de matériaux divers ou des grands pliages en papier et en vinyle. L’usage de matériaux usuels – peluche, vinyle, bois de construction, carton, styromousse, plumes, etc. –, assemblés à la main ancre pleinement cette œuvre polymorphe dans le quotidien. La dimension ludique, au cœur de la création de COZIC, invite à plusieurs niveaux de lecture. Non seulement les sens sont interpellés, mais plusieurs questions sur le statut des œuvres d’art sont aussi soulevées. Une création doit-elle forcément être mise à distance des spectateurs pour acquérir le statut d’œuvre d’art? Un monochrome en tissu a-t-il moins de valeur qu’une toile peinte? Est-ce que d’autres sens que la vue peuvent être stimulés par les œuvres muséales? À nous d’y réfléchir!
COZIC, un univers riche et flamboyant
Le parcours de l’exposition, articulé de façon chronologique, aborde les grands cycles de création de COZIC. Les visiteurs auront le privilège de découvrir les œuvres phares de sa production, depuis les œuvres molles à celles du projet Code Couronne, en passant par les pliages, dont est issue la fameuse Cocotte.
La première zone propose plusieurs séries d’œuvres réalisées au cours des années 1960 et 1970, témoignant de la posture avant-gardiste du duo d’artistes dans un monde artistique en pleine mutation. Confectionnées grâce à la couture – une technique boudée par les beaux-arts – de matières souples (vinyle, tissu, fourrure synthétique), les œuvres de cette section habitent l’espace de façon non conventionnelle, en prenant leurs distances avec le caractère statique de la peinture et de la sculpture. Conçues avec des matériaux industriels aux couleurs vives, elles se rapprochent de la mouvance du pop art et d’autres mouvements contemporains comme l’antiforme. Complexe mammaire (1970), Surface qui vous prend dans ses bras (1972) ou encore la série Surfaces v/s Cylinder (1973-1976) figurent parmi les éléments éloquents de cette période.
La deuxième section transporte le visiteur au tournant des années 1980, où COZIC délaisse les œuvres molles au profit d’une nouvelle exploration : l’appropriation. La redécouverte accidentelle de la cocotte en origami, pliage calquant la silhouette simplifiée d’une poule, que les deux artistes confectionnaient durant l’enfance – amène leur travail ailleurs. Pendant une année entière, COZIC duplique la cocotte, à partir de bouts de papier trouvés. Naît alors une œuvre emblématique : A cocotte a Day Keeps the Obsession on the Way (1978). Les artistes vont créer tout un répertoire autour de cette forme qui devient une sorte de signature artistique. L’intérêt de COZIC pour le pliage ne cessera d’évoluer durant les années 1980, pour donner naissance à des œuvres étonnantes. Spécialement pour l’exposition du Musée, COZIC a réalisé Grand Pliage in situ. Pour le plus grand plaisir des visiteurs, la réalisation de cette œuvre murale éphémère est un clin d’œil à l’histoire, à un geste artistique posé 40 ans plus tôt au Musée du Québec, aujourd’hui le Musée national des beaux–arts du Québec.
La troisième partie regroupe des sculptures, réalisées essentiellement au tournant des années 1990, qui viennent souligner l’intérêt de COZIC pour l’occupation de l’espace, la récupération et la confection manuelle. Une série d’œuvres lumineuses et de sculptures en équilibre – en métal, bois, plumes, tissu, etc. – s’installent de façon aérienne dans la salle, dont Le Grand Arc (1994), Objects in the Mirror Are Closer Than They Appear (1991) et Mise en plis (1991). Une autre série sur le regard, thème cher à COZIC depuis ses débuts, vient compléter l’expérience singulière de cette salle.
La dernière zone de l’exposition rassemble des œuvres créées au cours des deux dernières décennies. Outre la grande série sur le Code Couronne – une expérience chromatique qui explore la notion de la codification du langage écrit –, des œuvres abordent certains thèmes comme la spiritualité, la métaphysique, les mystères de l’univers, et soulèvent des questions fondamentales, bien au-delà de leur apparence kitsch, comme en témoignent : La Forêt de Brocéliande (2004), Le Trou noir (2016) ou VOLCANOS (2018).
Enfin, un espace inspiré de l’atelier de COZIC a été aménagé pour tenter de révéler l’esprit créatif foisonnant de Monic Brassard et d’Yvon Cozic. Une centaine de petites sculptures, curiosités, objets trouvés et assemblés, affiches et documents d’archives, vaguement pêle-mêle – prêtés par le tandem – permettront aux visiteurs de s’immerger dans leur univers fascinant.
Nouveauté : un parcours audio avec COZIC
Un parcours audio des plus originaux, rendu possible grâce à la généreuse contribution d’Hydro-Québec, vient agrémenter la visite de l’exposition COZIC. À vous de jouer. De 1967 à aujourd’hui. C’est en compagnie de Monic Brassard et d’Yvon Cozic, que les visiteurs pourront tout savoir des grands thèmes qui ont jalonné leur parcours. Anecdotes et témoignages spontanés, sentis et colorés des deux artistes permettent de jeter un regard unique sur plus de 50 ans de pratique artistique, et surtout de mesurer l’ampleur de leur contribution à l’art du Québec.
Crédit photos @Lise Breton
COZIC. À vous de jouer. De 1967 à aujourd’hui
Pavillon Pierre Lassonde du MNBAQ
Du 10 octobre 2019 au 5 janvier 2020
RENSEIGNEMENTS : 418 643-2150 ou 1 866 220-2150 / mnbaq.org