Les changements climatiques font la une dans tous les médias ces dernières années, mais qu’arriverait-il si la situation empirait? Que deviendrait le quotidien des humains? Cette sur une trame de fond à la limite de l’apocalypse climatique que Stéphanie Sylvain et Withney B. St-Onge racontent leur roman écrit à quatre mains: Déviance.
Si Georges Orwell s’est inspiré de la surveillance et du régime totalitaire pour écrire le prophétique 1984 et que Aldous Huxley a pris l’industrie pharmaceutique comme modèle pour créer le Soma dans l’effrayant Le meilleur des mondes, les auteures de Déviance se sont penchées sur les dérives de la pollution, de la société de consommation et du climat pour écrire un thriller dystopique qui rappelle l’excellent Blade Runner de Philip K. Dick et qui s’inspire de romans de l’univers cyberpunk comme Neuromancien, de William Gibson.
Montréal, 2102, la ville est ravagée par la pollution, il faut sortir couvert pour se protéger des rayons du soleil ou des pluies acides, la majorité des humains sont devenus infertiles, chacun possède son masque à oxygène pour se connecter à des bornes et des mares noires de substances graisseuses et d’eau acide se forment dans les rues. Ce n’est pas tout, chaque personne vit dans une réalité augmentée à l’aide de son CIN (circuit intégré numérique) pour aider à la prise de décision et aux tâches complexes, en plus de pouvoir gérer ce que les autres peuvent voir ou non de leur réalité.
L’héroïne du roman, Dorothée, est l’unique fille du clan Boudreau, une famille puissante qui détient le monopole du trafic de Caelum, une drogue qui fait des ravages dans ce Montréal inquiétant. Devant constamment prendre le rôle de la trafiquante impitoyable pour se faire accepter par ses frères, Dorothée se retrouve dans une livraison de drogue qui tourne à la catastrophe. Le comble, son frère aîné décide de quitter sa famille pour se lancer en politique. Dorothée profite donc de ce moment chaotique familial pour tenter de s’affranchir de cette vie insupportable. À la recherche de sa mère et d’une nouvelle identité, elle se retrouvera malgré elle au sein d’un conflit de trafic d’enfants.
Stéphanie Sylvain et Withney B. St-Onge ont vraiment su créer un rythme intéressant pour le roman Déviance. L’alternance entre les narrations, passant de omniscientes ou participantes mais avec un point de vue différent à chaque fois, harponne le lecteur et rend la lecture très dynamique. Par contre, les auteures sont un peu tombées dans le piège de la science-fiction et de la fantasy en expliquant trop l’univers qu’elles ont créé. Il aurait été possible d’enlever des informations superflues qui ne servent pas l’intrigue (par exemple, le fait que ce soit un Québec indépendant qui a peur des étrangers n’est pas nécessairement crucial au dénouement de l’histoire) et de faire un peu plus confiance au lecteur en le laissant découvrir l’univers à sa façon et l’interpréter par lui-même. La lecture demeure toutefois très intéressante et divertissante.
Le roman Déviance, de Withney B. St-Onge et Stéphanie Sylvain est publié aux Éditions ADA dans la Collection Corbeau. Si vous voulez en entendre un peu plus, j’en parle dans ma chronique à l’émission Au pied du lit à CIBL 101,5.
Titre: Déviance
Auteures: Withney B. St-Onge et Stéphanie Sylvain
Maison d’éditions: ADA
Nombre de pages: 200
Prix: 19,95$
ISBN: 9782898031014