Depuis l’an 2000, l’illustrateur Charles Burns (Black Hole) a publié des zines secrets qu’ils distribuaient gratuitement à des ami.es ou des membres VIP lors de Salons du livre – d’où le titre »Free shit ». Burns a rassemblé les 25 zines en un seul volume pour que tous.tes puissent en profiter. Que ce soit des dessins terminés, des croquis, des études sur des personnages, des écrits et réflexions, le livre est une fenêtre sur l’intimité de l’artiste, nous le dévoilant par la bande sur près de 20 ans.
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Charles Burns est une des légendes vivantes du monde de la bande-dessinée. Après le fameux Black Hole, ou encore la trilogie Last Look (entre autres), Burns nous a habitué à être prêt à tout lorsqu’on ouvre l’un de ses livres. Des personnages grotesques oeuvrant dans un univers dystopiques – voilà ce qui semble être un des mantras de l’auteur.
Dans Free shit, il n’est pas question de récit. C’est un rassemblement des zines des 20 dernières années, offrant une grandes quantités de dessins de toutes sortes et à toutes étapes du processus. Ce livre-kaléidoscope sert principalement de rétrospective de son travail. Il est intéressant de voir le trait évoluer mais aussi des personnages qui n’auront jamais figurés dans ses livres – ou encore de reconnaître certain.es protagonistes à des moments clés de leur histoire.
L’anecdote vaut le coup d’être racontée : il y a maintenant plus de deux décennies, lors d’un salon du livre, un fan s’est approché de lui et lui a demandé s’il n’aurait pas some free shit to give (traduction : quelques exemplaires/feuillets/dessins/auto-collants à donner). Burns, surpris par la question, se retrouve bredouille de n’avoir rien d’autres à donner qu’un autographe. Décidé à satisfaire de potentiel.les nouveaux.elles fans les fois d’après, Burns s’est mis à créer des zines, lui permettant par le fait même de réfléchir à sa propre pratique artistique à travers un exercice libérateur et sans jugement. C’est tout l’intérêt du zine, qui permet de donner forme à une idée sans sentir l’exigence de la qualité, du rendement ou encore du standard demandé par l’édition. C’est une pratique courante, principalement chez les artistes qui n’ont pas encore été édité.es, dans le but de se faire connaître. Mais c’est aussi une pratique qui se voit de plus en plus chez des artistes professionnel.les et maintes fois publié.es, histoire de s’accorder une bouffée d’air du format souvent restrictif proposé par le monde de l’édition.
On aurait peut-être aimé un peu plus de contexte que le petit mot de l’auteur à la fin du livre, quelque chose de plus consistant, quitte à avoir quelques pages en début de livre de la part d’un.e des collaborateurs.trices de Charles Burns, ou encore, des extraits d’opinions de son travail par des gens du milieu du roman graphique. Le tout nous aurait peut-être laissé un peu moins sur notre faim, mais il va sans dire que c’est un livre qui se feuillette encore et encore, de temps à autre, pour se plonger dans l’univers si particulier de l’auteur.
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Free shit – Charles Burns
Éditions Fantagraphics
http://www.fantagraphics.com/free-sht/
Pages : 208
Colors: Noir et blanc
ISBN-13 : 978-1-68396-260-1
Année : 2019