Du 20 juin au 15 septembre 2019, le Musée de la civilisation présente Coquilles de soi. Photographies de Libby Oliver. L’exposition met en lumière la série photographique Soft Shells de l’artiste visuelle canadienne Libby Oliver.
Galerie photos @Lise Breton https://www.flickr.com/photos/48796411@N07/albums/72157709159971627
Originaire de Victoria en Colombie-Britannique, Mme Oliver répertorie, dans le cadre de son projet Soft Shells, des personnes de tous horizons avec leurs possessions vestimentaires. Elle sculpte des coquilles autour de ses sujets pour réaliser des portraits photographiques uniques exposant le rapport entre l’être et le paraître. L’artiste illustre ainsi toute la dimension identitaire et sociale du vêtement, et par là même la réalité quant à la surconsommation de ce dernier. Pour cette exposition, 15 portraits de sa série Soft Shells ont été sélectionnés, auxquels s’ajoutent 5 nouveaux portraits de personnes aux profils diversifiés qui ont été réalisés lors d’une résidence de création artistique d’un mois au Musée.
Les participants au projet Soft Shells sont sélectionnés par Libby Oliver pour leur diversité sociale, ethnique et culturelle. C’est une fois les participants ensevelis dans l’ensemble de leurs biens, comme dans une coquille, que sont alors créées des montagnes fascinantes et colorées, telles des sculptures vivantes. On y aperçoit alors une main, un pied ou un oeil, une petite partie du corps de la personne qui se rappelle à nous. Suscitant une émotion particulière, ces créations questionnent le rôle du vêtement, la façon dont il nous dévoile et comment il influence notre rapport au monde et à la consommation.
Dans le cadre de l’exposition Coquilles de soi, Mme Oliver a photographié 5 nouvelles personnes : Teharihulen Michel Savard, artiste wendat multidisciplinaire, Camille Pelletier, étudiante, Safia Nolin, autrice-compositrice-interprète et Christiane Garant, designer de la griffe Myco Anna, ont accepté cette invitation unique. Le créateur de mode Jean-Claude Poitras a lui aussi accepté de se laisser emballer par Libby Oliver, créant ainsi un lien avec l’exposition qui lui est consacrée, Jean-Claude Poitras – mode et inspirations, présentées simultanément au Musée de la civilisation.
Citations :
« L’approche de Libby Oliver est fascinante. On est tout de suite happé par la profondeur de sa démarche, qui nous amène à réfléchir à la façon dont nous nous présentons au monde et sur nos choix, nos influences, mais également les enjeux de la surconsommation évidente en lien avec notre culture matérielle. Pour nous au Musée, cette réflexion sur le développement durable peut même faire écho à celle déjà abordée dans nos autres expositions estivales. »
Stéphan La Roche, directeur général, Musée de la civilisation
« En observant une personne ainsi, au milieu de ses propres vêtement et indiscernable, les choix environnementaux, culturels et stylistiques qui servent à définir son identité n’existent plus. Au moment où les sujets sont littéralement ensevelis sous leurs propres vêtements, on réalise à quel point ceux-ci sont un mode de communication significatif et façonnent notre compréhension des uns et des autres à travers l’objet, nourris du paradoxe avec lequel l’habillement nous révèle et nous cache à la fois. »
Libby Oliver, artiste visuelle
« J’ai adoré Libby. Pour moi, ça a été une expérience extrêmement marquante de partager mon intimité avec une étrangère, mais une grande artiste. C’est vraiment étrange d’être à l’intérieur du Soft Shell, d’avoir chaud et d’être angoissée, mais de s’endormir un peu. Et de l’extérieur, c’est tellement beau et puissant comme image. »
Safia Nolin, auteure-compositrice-interprète
« Je me suis senti aimé et respecté par l’approche à la fois audacieuse et intimiste de Libby. Ces vêtements me collent à la peau. Ils m’ont accompagné toute ma vie. Je ne me suis pas senti disparaître sous tous ces habits de mon passé et de mon présent. Au contraire, je me suis senti habillé, porté et habité par le voyage de ma vie. J’ai pris conscience, avec cet autre regard posé sur moi, avec tous ces vêtements qui m’entouraient et me caressaient, que ma vie aura été un long fleuve pas très tranquille. »
Jean-Claude Poitras, créateur de mode
« Laisser entrer une personne dans sa garde-robe est quand même assez intrusif et m’a poussé à faire un ménage. Je désirais n’être photographiée qu’avec ce qui me représentait vraiment, ce qui attirait encore mes yeux et mon coeur. Cet exercice nous fait prendre conscience qu’on possède beaucoup de vêtements et qu’on s’attache émotionnellement à certains dont on ne peut se départir, malgré qu’on ne les ait portés depuis un certain temps. Puisque la plupart sont des créations Myco Anna, il s’agit d’un portrait marquant, quelques mois seulement après la fermeture de l’entreprise que j’ai dirigée avec passion pendant près de 20 ans. J’ai eu le coup de foudre pour ces vêtements innovateurs et colorés il y a plusieurs années, et je les porterai encore longtemps avec fierté. Merci à Libby et à l’équipe du Musée de m’avoir permis de vivre cette belle expérience, merci pour ce beau cadeau! »
Christiane Garant, designer, Myco Anna
« En fait, j’ai bien aimé l’expérience, que je qualifierais de performance sculpturale dont je n’étais que le support. Performance sur laquelle je n’avais aucun contrôle. Je ne sais trop comment le décrire, mais se faire habiller tout doucement, avec tendresse et précaution comme Libby a su le faire était physiquement très agréable. Un peu comme une mère qui prend soin de son enfant. Mais à partir du moment où ma tête et mon visage ont été emballés, oh my gosh! la panique, ma respiration s’est accélérée subitement, mon coeur s’est emballé comme une locomotive. Toutes les sensations de tendresse que j’avais ressenties n’étaient plus. En fait, comme j’ai dit à Libby, j’aime mieux être nu qu’habillé. »
Teharihulen Michel Savard, artiste wendat multidisciplinaire
« Pendant l’expérience, j’étais à l’aise et même bien d’être dans tous mes vêtements, mais en même temps je me suis sentie coincée d’en avoir autant sur moi. Je me suis rendu compte que j’avais vraiment beaucoup de vêtements, même trop. C’est inutile autant de vêtements pour une seule personne, je me sens un peu coupable envers la planète. Je vais tenter d’être plus conscientisée. »
Camille Pelletier, étudiante
Liens connexes :
Musée de la civilisation : www.mcq.org et www.youtube.com/user/mcqpromo
@crédit photos: Lise Breton, photographe