Plusieurs expositions sont présentement en cours à la Art Gallery of Nova Scotia à Halifax. Dans la tour nord, sur trois niveaux, les expositions « Jordan Bennet: Ketu’elmita’jk », « Alphabetical Order: Things Artists have drawn », « Hiroshige: The Fifty-Three Stations of the Tokaido », « Shifting Ground », « Shame and Prejudice: A Story of Resilience » ont une place de choix. Dans la tour sud, sur deux étages, les expositions « Maud Lewis Gallery », « Buoys and Gulls », « Folk/Funk », « Autism Arts » sont présentées. Dans le niveau plus bas, le public peut admirer les expositions « Close to the edge… The Work of Gerald Ferguson » et « Out of the Ashes ».
Certaines de ces expositions se terminent le 20 janvier, le 15 mars, le 31 mars, d’autres sont permanentes. Seule l’exposition de Kent Monkman se termine le 16 décembre, mais elle sera néanmoins disponible ailleurs au pays car il s’agit, en fait, d’une exposition qui sera en tournée canadienne pendant trois ans qui avait été réalisée, à l’origine, pour le 150e du Canada. Cette exposition qu’on peut traduire par « Honte et Préjudice: Une Histoire de Résilience » est un périple à travers l’histoire du Canada par l’entremise d’un personnage, l’alter-ego en talons aiguilles de l’artiste, qui s’appelle « Miss Chief Eagle Testickle ». Miss Chief qui est un jeu de mot avec « Mischief »… lecture à plusieurs niveaux donc qui, dans certains cas, propose une narration picturale caustique, à la limite grinçante pour certains, définitivement engagée. Neuf chapitres de l’histoire de la colonisation sont présentés avec des textes explicatifs en trois langues (la troisième étant une langue des premières nations). Quelques personnages historiques doivent toutefois se retourner dans leur tombe, notamment la reine Victoria… dont le portrait a été adroitement substitué dans une peinture. Cette grande exposition de Kent Monkman est dédiée à sa grand-mère, Elizabeth Monkman, qui comme plusieurs de sa génération, a vécu dans la honte de garder le silence face aux préjudices extrêmes.
Dans ce qui est en cours au Musée des beaux-arts de la Nouvelle-Écosse, il ne faut pas manquer l’exposition « Jordan Bennett: Ketu’ elmita’jik » qui présente 10 oeuvres qui s’articulent autour de la culture visuelle micmac et béothuk dont les thèmes présentés vont de la terre, du langage, de l’acte de visiter, aux liens familiaux. Certaines oeuvres sont réalisées avec des épines de porc-épiques et l’artiste les a extrapolées graphiquement jusque sur les murs de la salle, donnant une dimension traditionnelle et moderne à l’ensemble proposé au public.
Il ne faut pas non plus manquer l’exposition « Hiroshige: Les Cinquante-trois Stations du Tokaido ». Utagawa Hiroshige (1797-1858) était un maître du Ukiyo-e, un mouvement artistique japonais de l’époque Edo. Dans cette exposition, Hiroshige se fait l’interprète de la nature à travers de délicates transparences de l’atmosphère au fil des saisons, dans des paysages où l’homme est toujours présent. Il est difficile de dire laquelle des oeuvres est la plus belle car elles sont toutes remarquables.
Dans l’exposition de dessins et de sérigraphies ayant une thématique portant sur l’ordre alphabétique et qui débute, évidemment, par la lettre A… (A comme « Apple », B comme « Buttlefly », C comme « Cat », D comme « Dance », etc.), on y découvre des artistes de divers horizons. Il y a un même une gravure avec pochoir coloré sur papier du Japon de Salvador Dali qui représente Jonas et la baleine (c’est pour la lettre W) qui surprend par sa simplicité. Une exposition à voir de A à Z qui séduit par son originalité et par sa diversité artistique.
Les amateurs d’art international ne sont pas en reste puisque qu’ils peuvent découvrir, au détour de leur visite, un grand Gustave Doré de 95,3 x 179,5 cm ainsi qu’un Nicolaas Maes. Toutefois, la plus remarquable petite peinture hollandaise est sans doute l’huile sur bois de Jacob Adrian Vrolyk (1834-1862) intitulée « The Mint, Amsterdam » (1860) de 30,5 x 45,2 cm, un véritable petit bijou à regarder de très près, sinon à la loupe pour ne manquer aucun détail.
La visite peut éventuellement se poursuivre à Yarmouth avec « Maud Lewis » et « Terroir: Then and Now » car la Art Gallery of Nova Scotia est divisée en deux établissements différents, éloignés l’un de l’autre de plus de 300 km.
Tous les détails sur le site: https://www.artgalleryofnovascotia.ca
Crédit photo: Laurent Torregrossa