Cet article porte sur l’exposition solo « QUI POSSÈDE LA LUNE » de Wanda Koop, une peintre née en 1951 à Vancouver, au Canada. Nous aborderons d’abord l’émotion qui se dégage des oeuvres, puis le contexte personnel de l’artiste, et enfin l’expérience scénographique de l’exposition.
Ce qu’on peut ressentir avec les oeuvres de Wanda Koop c’est une atmosphère très brumeuse. Le choix des couleurs est assez délicat, tout en clarté, on contemple beaucoup de sensibilité. Le minimalisme permet d’embrasser pleinement la couleur, à la manière du Color Field Painting des années 50. Malgré tout, nous sommes bel et bien dans un paysage, un horizon qui semble hors du temps. Le ciel parait être le prolongement de la rive, la limite est imperceptible. Au sein de ce calme, l’artiste choisit de placer un rectangle contrasté, tel un portail vers un autre moment du crépuscule. Est-ce que ces rectangles graphiques font échos au viseur de cockpit du bateau sur lequel elle aurait voyager pour créer ces toiles? (Dans le cadre de l’exposition Qui possède la lune, le Musée des Beaux Arts de Montréal nous offre l’opportunité de voir le documentaire Koop qui relate ce voyage.) Et puis il y a le vide, les satellites ont remplacé toute espèce vivante. On dirait presque un désert post apocalyptique.
Le processus de création s’est développé à la suite de la guerre en Ukraine, dont l’artiste est originaire. Elle explique ce besoin de peindre l’humanité. On peut voir quatre paysage monumentaux qui se suivent : le « Quatuor Ukrainien » comme elle le nomme elle-même. Cette lune de feu qu’on peut apercevoir sur les affiches de l’exposition est beaucoup plus rose fluo quand on vient rencontrer l’oeuvre. Ce cercle surnaturel pourrait briller dans le noir. Et juste en dessous, au loin, une cheminée d’usine nous ramène à une réalité beaucoup plus toxique de l’Histoire. Est ce que les couleurs chaudes dans l’eau symbolisent une mare de sang? Et les points de lumière au loin, sont-ils des espoirs lointains? Ça dégage beaucoup d’émotions, c’est angoissant mais à la fois extrêmement apaisant, comme des réalités opposées qui s’attirent et se repoussent. Mais aussi, elle indique qu’elle veut briser la simple reproduction d’un paysage par l’ajout d’un carré pour rappeler que c’est un geste artistique.
La salle dédiée à Wanda Koop est une véritable mise en page design. La scénographie d’exposition propose un rythme dynamique très contemporain, les oeuvres se répondent soit par leur format, soit par la variation des couleurs autour du même sujet. Par exemple, on rencontre un dyptique noir et blanc qui forment ensemble un jeu de vide et de plein. Puis on prend de la hauteur avec une série de quatre grands fonds blancs qui possèdent chacun un symbole de la femme. Enfin, le dernier mur est une constellation de toiles, une petite oeuvre va toucher le coin d’une plus grande, tel un point déploiement dans l’espace, une des toile est même exposée tout en hauteur, telle une lune qui finit sa course au lointain.
première exposition individuelle de Wanda Koop au Musée des beaux-arts de Montréal, du 11 avril au 4 août 2024