Anachronismes délicieux, comiques coups du sort et hybridations improbables composent, entre autres rigolotes anomalies, l’ADN de l’humour de Tom Gauld. Armé de son crayon et d’un large spectre de références qui vont de l’époque victorienne au monde des Jedi et des épées laser, l’inimitable bédéiste dessine un monde décalé d’une apparente simplicité, mais d’une lucidité désarmante.
Comme il l’a fait avec les sœurs Brontë et Shakespeare dans les pages du journal The Guardian, Tom Gauld s’est amusé avec les nanorobots et les théorèmes insolubles dans la revue internationale New Scientist. Rassemblées dans ce nouvel ouvrage dédié à son grand-père biologiste, ses planches donnent un relief humoristique — voire métaphysique — au monde de particules et de lois immuables dans lequel l’humanité tente tant bien que mal d’évoluer.
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On attend toujours avec impatience le nouvel opus de Tom Gauld. Son style simpliste mais efficace est le réceptacle de gags tous plus subtiles les uns que les autres. L’illustrateur étant d’origine britannique, on reconnait bien l’humour particulier à ce territoire.
Après nous avoir offert Vous êtes tous jaloux de mon jetpack et En cuisine avec Kafka, Gauld se penche cette fois-ci sur l’humour scientifique. Tel que nommé par les Éditions Alto sur la page du livre, cette oeuvre regroupe la plupart des planches ayant été publiées dans la vue scientifique New Scientist. Gauld a également souvent collaboré avec The New Yorker pour leurs illustrations en page couverture.
Il faudra peut-être que ce livre tombe dans les mains des lecteurs.trices averti.es possédant une certaine connaissance en histoire des sciences car certains référents pourraient tout simplement leur passé au dessus de la tête. Que ce soit Einstein, Schrödinger et la physique quantique, Marie Curie, les nano-robots ou les blagues de Jurassic Park, Tom Gauld offre une série de planches touchant autant à la culture pop que les sujets plus nichés, humour qui nous fait parfois éclater de rire plusieurs secondes après la lecture tellement les gags sont fins mais absurdes. C’est une chose que l’on ne retrouve pas tous les jours et on peut remercier l’auteur pour ce choix.
Même si son humour est toujours aussi efficace, on regrettera que le livre soit un agencement de ses anciennes planches et non une oeuvre complètement inédite. Tom Gauld ayant publié par le passé les excellents Goliath, Vers la ville ou encore Le policier de la lune, on aurait peut-être aimé lire une nouvelle oeuvre portant un réel récit sur ses épaules.
Quoiqu’il en soit, les amateur.es d’humour fin et érudit seront comblé.es par ce nouveau livre tout en couleur. Rappelons que Tom Gauld est d’abord illustrateur, ce qui explique la finesse de son trait et la singularité de son univers. On a déjà hâte au prochain !
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Le département des théories fumeuses – Tom Gauld
Éditions Alto
160 pages
3 novembre 2020
ISBN : 978-2-89694-442-2