En matinée du dimanche 8 décembre au Palais Montcalm, en la salle Raoul-Jobin comble auquel s’ajoutait exceptionnellement un public dans la grande salle du Diamant (transmission en direct), un événement musical bien attendu a eu lieu. Issue d’une complicité entre le musicien et chef Yannick Nézet-Séguin et la chanteuse Joyce DiDonato, on présentait le fameux Voyage d’hiver de Franz Schubert.
Au centre de la scène au Palais Montcalm, bien sobrement prennent place le piano et à sa droite une chaise et une petite table nappée. Dans la salle, on a fait l’obscurité; ce qui a contribué à l’intimité du concert. Puis de noir vêtus font leur apparition Yannick Nézet-Séguin et Joyce DiDonato fort élégante.
Puis débute ce récital sans entracte et sans applaudissements, tel que demandé. Dès les premières notes, la magie, le miracle musical se déploie. La présence de la mezzo-soprano s’impose. Utilisant un petit livre qui contient la narration musicale du « voyageur » éconduit en amour et en errance, elle nous raconte le drame touchant, bouleversant de cet être. Durant 75 minutes, on sera porté par les 24 lieder de ce Voyage d’hiver.
DiDonato habite complètement le personnage. Selon les lieder, elle sera forte, très nuancée, douce et intense. Sa voix tout à fait magnifique nous touche, nous émeut. La mise en scène, les quelques déplacements de la chanteuse; vraiment, tout est parfait. Dans la salle, pas un bruit, pas de toux, tous sont suspendus et médusés, dirais-je, par le grand talent de cette artiste au sommet de son art. Tout est tellement beau, maîtrisé et crédible. Et que dire de son entente, de la complicité avec Nézet-Séguin au piano. En soi, la composition de la partie au piano est sobre et réservée grandement. Or le pianiste se fait tellement complice et à l’écoute de la chanteuse pour notre plus grand plaisir. Une grande connivence évidente et entendue !
Habituellement, ce monument romantique et mythique de l’art lyrique est chanté par les hommes mais quelques femmes l’ont fait et l’ont bien réussi dont la chanteuse française Natalie Stuzmann. Pour un chanteur, une chanteuse, c’est exigeant, un vrai tour de force. D’ailleurs, peu de jours avant le concert, quelques personnes à Québec étaient dubitatives face à cette oeuvre chantée par une femme. Mais à la sortie de la salle, les sceptiques étaient comblés, convaincus. Ils ont sûrement contribué au long tonnerre d’applaudissements à la fin du concert.
Le programme :
Franz SCHUBERT, Winterreise [Voyage d’hiver], D. 911
Le prochain concert du Club musical de Québec : le mercredi 26 février à 20 h 00 au Palais Montcalm avec le pianiste Daniel Trifonov dans un programme Bach et Rachmaninov. Crédit-photos: Courtoisie https://www.clubmusicaldequebec.com/cmq/index.php/programmation/saison-2019-2020/daniil-trifono
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