Expo Raccord au MNBAQ Photo @Lise Breton

Le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ), en collaboration avec RBC, son partenaire financier, est fier de présenter l’exposition du lauréat de la troisième édition du Prix MNBAQ en art actuel, Raccord, de l’artiste Numa Amun. Réalisée grâce à un partenariat exceptionnel entre le MNBAQ et le Musée d’art contemporain des Laurentides (MAC LAU), cette nouveauté du Musée permettra aux visiteurs, du 20 juin 2019 au 16 février 2020, de découvrir le travail d’une précision magnétique de l’artiste, issu d’un savant mélange d’abstraction, de figuration et d’illusions d’optique. Résultat d’une minutie extraordinaire, le rendu de ses œuvres inspire une méditation contemplative et sensible du corps physique ou même de la reconnaissance de l’âme émanant d’un au-delà.

Galerie Photos @Lise Breton   https://www.flickr.com/photos/48796411@N07/albums/72157709166721912

Numa Amun, André Labbé, Jonathan Demers Photo @Lise Breton

Commissariée par Jonathan Demers, directeur général et chef de la conservation du MAC LAU, cette première exposition individuelle d’envergure rassembledes œuvres d’une force incroyable, qui seront accompagnées d’une publication originale, disponible dès la mi-juillet.

L’œuvre de Numa Amun a tout pour fasciner, puisque la quête artistique de ce dernier touche le spirituel et s’exprime à travers des thèmes aussi puissants que : la vie, la mort, l’amour, la souffrance et la solitude. Subjugués par tant de finesse et de minutie, les visiteurs pourront apprécier cette démarche artistique unique, qui porte sur l’esprit distinct de l’expérience. Ils pourront admirer des fresques à l’image de la vie humaine et vivront une expérience sensible et inoubliable.

Depuis sa création, le Prix MNBAQ en art actuel est remis tous les deux ans à un artiste québécois ayant plus de dix ans de carrière. Les précédents lauréats étaient Diane Morin en 2015 et Carl Trahan en 2017. Ce prix bisannuel, décerné grâce à la contribution de RBC, comprend une bourse de 2 000 $ aux cinq finalistes, une exposition organisée pour le gagnant, en l’occurrence, Numa Amun – lauréat de la troisième édition – l’acquisition d’œuvres de ce dernier à hauteur de 50 000 $ pour la collection du Musée, ainsi qu’unepublication mettant en lumière son travail.

Texte de Jonathan Demers

Raccordde Numa Amun appelle à la contemplation – du latin contemplor, « être avec une portion du ciel ». Ces huit œuvres présentent huit corps peints à main levée sur des canevas libres, religieusement intégrés par l’artiste aux murs du Musée. Formant une fresque symbolique d’où émane la trajectoire d’une vie spirituelle, la peinture de Numa Amun est salutaire. Elle propose une succession d’états, matériels et immatériels, et promet à travers sa liturgie – l’exposition – un dénouement apaisant des souffrances inhérentes à l’existence.

Au plus près des peintures, on trouve une organisation géométrique issue d’un travail laborieux qui contraint le geste de peindre à une grande retenue. Dans une quasi-abstinence, Numa Amun s’assujettit à une lente confection qui distend le temps – chacun des tableaux exposés a demandé une gestation de près d’un an. La mécanique complexe qui permet à ces images de naître forme un agencement marqué par l’opposition de couleurs complémentaires. La peinture renvoie ainsi, par inversion, au négatif photographique, faisant apparaître dans une presque transparence des sujets irradiés de lumière.

Hors du temps et de l’espace, les œuvres de Raccordsont le résultat d’une démarche singulière, tout aussi picturale que métaphysique, issue d’une longue tradition de la représentation. Le réseau d’images que Numa Amun crée est aussi familier qu’inquiétant : il éveille une réminiscence visuelle, voire le souvenir d’une lointaine histoire figurative dont on porterait encore le stigmate.

La genèse de Raccord

Véritable ode au cycle de la vie, le corpus de l’exposition rassemble huit tableaux créés entre 2009 et 2017, qui tendent vers l’incarnation d’un ordre invisible, qui viendrait déplier les états cosmiques d’une vie plurielle. Ces œuvres forment un tout, puisque chacune s’abreuve de l’autre, chaque œuvre est l’écho de l’autre. L’artiste nous explique la genèse de ce projet.

femme ruban Photo @Lise Breton

« Tout est parti de la femme ruban, comme une icône de la Vierge. Après, j’ai eu envie de faire une deuxième peinture. Qu’est-ce qui se passe en face de la Vierge? Les gens se mettent à genoux. Donc, j’ai fait un homme à genoux. Par la suite, comme j’étais dans une zone un peu plus noire, j’ai voulu faire un tableau qui parle de la mort. C’est seulement quand j’ai eu quatre ou cinq tableaux que je me suis rendu compte que j’étais en train de parler de la vie et de la mort.Le projet montre qu’on vit dans une cathédrale physique, mais il montre aussi qu’on disparaît. »

Tous les tableaux sont faits à la main. Tout est réalisé selon la technique de mise au carreau, où les lignes, pâles ou foncées, et la création des couleurs s’inscrivent dans un rapport stylistique d’une rigueur absolue. Les peintures ont été intégrées à même les murs du Musée. Une volonté d’épuration de la part de l’artiste et d’effet de 3D, certes, mais aussi d’inscrire les œuvres à travers l’histoire même du MNBAQ.

« C’est comme un hommage aux murs et à l’architecture. Les tableaux sont pris dans l’architecture du Musée. Il y a quelque chose de poétique que je trouvais intéressant. C’est une exposition d’art contemporain, mais, en même temps, elle a quelque chose d’intemporel. J’espère que les gens, qui ne tripentpas sur l’art contemporain, puissent avoir autant de plaisir que les gens qui tripentsur l’art contemporain. Il n’y a pas de maniérisme, pas de frontières.Si les gens partent du troisième étage du pavillon Gérard‑Morisset pour arriver dans l’exposition, en mon sens, ils ne seront pas dépaysés, car il y a un côté très liturgique à mon travail. Et pour ceux qui partent d’ici pour ensuite monter vers les salles de 350 ans de pratiques artistiques au Québec, il n’y aura pas de décalage. »

Les œuvres racontées par Numa Amun

Raccord, 2009

Acrylique sur toile, échelle humaine

« Ce tableau parle de la fin de la vie. En fait, le corps est là, mais c’est toute l’archive d’une vie qui prend forme, un peu comme le ruban d’un film qui vient l’entourer. Il y a aussi quelque chose du code d’ADN inscrit sur un ruban. C’est comme un ruban de Möbius qui est allongé, qui fait tout le corps, en fait. C’est tout symbolisme, mais Raccordpeut aussi faire référence à un fil que tu rattaches. »

Extase d’un déni hormonal, 2010

Acrylique sur toile, échelle humaine

« Un homme à genoux, seul, qui semble tenir ses testicules entre ses mains, mais qui pourraient aussi bien être ses yeux. Il y a un côté pudique dans sa posture. C’est un tableau sur l’abstinence, en fait. Les gens qui font le vœu de chasteté, mais qui trouvent une extase dans le fait de ne pas avoir de sexualité. C’est un tableau qui, même s’il est résolument moderne, reconnecte avec les tableaux anciens sur l’extase. » 

Le temps que nous vivons n’est pas celui qu’on pense, 2011

Acrylique sur toile, échelle humaine

« C’est une femme en ascension, mais c’est aussi une forme abstraite. Plusieurs personnes ne voient pas qu’il y a une présence, c’est plutôt d’ordre christique. J’ai lu beaucoup sur le Saint Suaire et j’avais envie d’en parler, mais d’une manière féministe. En fait, tout le projet a la parité homme femme. C’est plus intéressant pour moi de représenter une femme. Chez la femme, on dirait qu’il y a une résistance, un déni, une autodestruction, mais en même temps, il y a comme une force. En mon sens, elle épure des choses dans sa vie, elle pardonne, elle est plus dans la réconciliation, elle vit plus d’apaisement. C’est ma perception d’homme, mais je pense que les hommes devraient s’en inspirer. »

Quelqu’un de très loin veut nous parler, 2012

Acrylique sur toile, échelle humaine

 « J’ai eu de longs moments de solitude dans ma vie. Quand j’ai commencé ce tableau, j’étais seul et je me demandais si j’allais finir par rencontrer la femme de ma vie. J’ai donc peint, en fait, ce que je n’avais pas, c’est-à-dire une femme que je connaissais, mais pas au niveau érotique. C’est un tableau sur la rencontre, mais la scène reste ambigüe, car on ne sait pas s’ils sont ensemble ou s’ils sont sur le point de se quitter, s’ils rendent hommage aux moments qu’ils ont vécus ensemble.En fait, ils ne sont pas très absorbés par le corps, ils sont absorbés par quelque chose qui les surplombe. Ils sont comme en prière. »

L’une des nombreuses demeures, 2013

Acrylique sur toile, échelle humaine

« J’ai fait le fœtustout de suite après le couple, car en fait, c’est notre première maison. C’est l’une de nos nombreuses demeures. Mais j’ai changé les couleurs pour que ça devienne un peu comme un astre, comme la planète Terre, parce qu’en mon sens, la Terre est aussi l’une de nos nombreuses demeures dans l’univers. Mais, la façon dont elle a été réalisée, elle peut aussi être vue comme une forme abstraite. Le plus fascinant, encore une fois, c’est que la position fœtale est une position de prière. »

La personnalité présente n’est que le reflet d’une personnalité qui se développe depuis de très longues années, 2014

Acrylique sur toile, échelle humaine

« Comme mon projet commençait à être sérieux, j’ai eu besoin de quelque chose de plus léger, de candide, mais de rigoureux aussi. S’est imposé à moi une sorte d’hommage très cérébral et sérieux à la jeunesse ou à l’enfance, parce qu’en mon sens, l’enfance fait partie du cycle de la vie. Ce que je veux dire, c’est que les enfants sont déjà vieux. Ils portent un bagage, ils ont leur personnalité génétique, mais ils portent aussi une sorte de maturité mystérieuse inaccessible.

Numa Amun et Linda Tremblay Photo @Lise Breton

En fait, j’avais aussi besoin de rendre hommage aux femmes, qui ont été des petites filles et aux petites filles, qui en ce moment, vont devenir des femmes, et qui vont s’occuper du monde. À mon sens, le Québec est une société qui est heureusement matriarcale, qui est exemplaire, et qui devrait inspirer le monde. Je pense que ce sont les petites filles qui vont refaire le monde. La petite fille représente plus l’espoir pour moi. On s’entend aussi pour dire que la vie des filles est plus difficile que celle des gars. Donc là, je voulais juste montrer un enfant sur ses deux pieds, vraiment dans le moment présent, qui semble dire : Viens t’en la vie, parce que moi je t’attends. »

Grossesse nerveuse pour une âme finalitaire, 2015

Acrylique sur toile, échelle humaine

« L’enfantement fait aussi partie du cycle de la vie. Ici, ça se manifeste d’une manière un peu bizarre, parce que c’est un homme qui est enceinte, qui a peur, qui est effrayé. Sa posture représente l’image d’une époque honteuse. Je trouve qu’on vit une époque honteuse. La peinture fait donc écho à la société actuelle. Il y a une inquiétude en ce moment, une peur. Les gens sont effrayés parce qu’il y a des bouleversements à venir, mais c’est toujours pour quelque chose de mieux. J’ai aussi voulu représenter une sorte de présence invisible avec les mains qui sortent du mur, qui viennent toucher au ventre. C’est un tableau qui parle aussi de l’âme qui s’en vient, qui est là, lorsque des personnes sont enceintes. »

Corps sombre, 2016-2017

Acrylique sur toile, échelle humaine

« La mort, l’ascension, le moment où on perd le corps, il y a un peu de tout ça dans cette peinture. Le losange est une forme abstraite, qui parle aussi du moment où on a fini nos vies, nos incarnations, où il y a une sorte d’ascension, mais ce sont tous des trucs d’ordre abstrait, parce qu’on ne peut pas les voir. Ça prenait donc cette forme abstraite pour l’exprimer. Et on voit apparaître une femme à l’intérieur, devenant de fait, un objet très mystérieux. »

Numa Amun, en bref

Né en 1974 à Montréal, Numa Amun vit et travaille actuellement dans sa ville natale. Diplômé de l’UQAM (baccalauréat) en 1998 et de l’Université Concordia (MFA) en 2004, l’artiste a participé à la Biennale de Montréal (2007) et la Triennale québécoise (2011). Il a présenté des expositions solos à travers le Québec, au Canada et en l’Irlande du Nord. Il a notamment réalisé des interventions in situ dans des églises du quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal, en 2004 et en 2018. Son œuvre est présente dans les collections publiques du MNBAQ (CPOA) et de la Canadian Art Foundation. En 2018, Numa Amun devenait le lauréat de la troisième édition du Prix MNBAQ en art actuel, remis grâce à RBC. Raccordest la première exposition d’envergure de l’artiste dans une institution muséale. Dès l’automne 2019, il enseignera à l’Université Concordia.

Un portrait vidéo de Numa Amun

Pour faire découvrir au grand public la démarche profondément spirituelle de Numa Amun, le MNBAQ propose une capsule vidéo réalisée à partir d’un entretien avec l’artiste qui a eu lieu à l’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus dans Hochelaga-Maisonneuve. Diffusé sur les réseaux sociaux du Musée à l’occasion de l’annonce de son prix, ce reportage met en lumière sa technique de peinture, ses inspirations et ses œuvres. Pour visionner : https://youtu.be/xeRrZDJYzLk

Un boîtier en édition limitée

Un ouvrage spécial présentera l’œuvre de l’artiste Numa Amun, lauréat de la troisième édition du Prix MNBAQ en art actuel.

Le boîtier, pièce unique réalisée par le graphiste Raphaël Daudelin du Studio Feed inc., comprendra un essai – en français et en anglais – signé par Jonathan Demers, ainsi que huit reproductions des œuvres de Numa Amun présentées dans l’exposition.

L’objet d’art sera disponible à partir de la mi-juillet en édition limitée, numérotée et signée. La publication Raccordest l’outil par excellence pour plonger dans l’univers de Numa Amun. Distribué par Dimedia, Raccordsera en prévente lors du vernissage de l’exposition le 19 juin, au prix de 39,95 $. Au cours de l’été, il sera en vente à la Librairie-Boutique du MNBAQ ainsi qu’en librairie, au prix de 49,95 $.

Autour de l’exposition

Visite commentée en compagnie de l’artiste Numa Amun

Le mercredi 28 août, 19 h 30

Salle 1C du pavillon Gérard-Morisset

Incluse dans le tarif d’accès au Musée

Les crédits

Cette exposition, qui a lieu jusqu’au 16 février 2020, est organisée par le Musée national des beaux-arts du Québec et conçue par Jonathan Demers, commissaire de l’exposition, grâce à la collaboration du Musée d’art contemporain des Laurentides. Elle souligne la remise du Prix MNBAQ en art actuel 2018 à Numa Amun. Le Prix MNBAQ en art actuel est remis grâce à la participation financière de RBC.

Direction du projet

Annie Gauthier

Directrice des collections et des expositions, MNBAQ

Coordination du projet

Kasia Basta

Chargée de projet aux expositions, MNBAQ

 Commissariat

Jonathan Demers

Commissaire invité, directeur général / chef de la conservation, Musée d’art contemporain des Laurentides

Scénographie
Jean Hazel

Designer principal, MNBAQ

 Graphisme
Marie-France Grondin

Designer, MNBAQ

Le Musée national des beaux-arts du Québec est une société d’État subventionnée par le gouvernement du Québec.

Raccord de l’artiste Numa Amun

Lauréat de la 3eédition du Prix MNBAQ en art actuel

Pavillon Gérard-Morisset du MNBAQ

Du 20 juin 2019 au 16 février 2020

RENSEIGNEMENTS: 418 643-2150 ou 1 866 220-2150 / mnbaq.org

Renseignements généraux

HEURES D’OUVERTURE DU COMPLEXE MUSÉE

Jusqu’au 2 septembre 2019

Du lundi au dimanche, de 10 h à 18 h

Les mercredis, jusqu’à 21 h

Du 3 septembre 2019 au 31 mai 2020

Du mardi au dimanche, de 10 h à 17 h

Les mercredis, jusqu’à 21 h

Fermé les lundis (sauf le 14 octobre)

Fermé le 25 décembre

DROITS D’ENTRÉE

Adultes : 22 $
Aînés (65 ans et plus): 20$
18 à 30 ans : 12$
13 à 17 ans : 7$
Forfait famille (2 adultes et 3 enfants de 13 à 17 ans) : 48 $

Forfait famille (1 adulte et 3 enfants de 13 à 17 ans) : 26 $

12 anset moins : gratuit
Membres : gratuit
Les mercredis de 17 h à 21 h :
demi-tarif
Prix réduit pour les groupes

SERVICES DISPONIBLES

Stationnement, Librairie-Boutique, café, restaurants, accès Wi-Fi, fauteuils roulants et vestiaire gratuits

POUR NOUS JOINDRE

418643-2150 ou
1866220-2150
mnbaq.org

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@crédit photos: Lise Breton, photographe

 

 

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