La grand-mère de Clémence souffre de la maladie d’Alzheimer. Face à son désespoir, elle prend la décision de l’enlever de la maison de retraite et de prendre la route en quête de l’hypothétique maison d’enfance de sa mamie.
Une fuite, une quête, un égarement, l’occasion de se retrouver ? À moins que ce ne soit plutôt des adieux…
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Une chose est certaine : nous vieillirons et nous mourrons. Certain.es sont en paix avec cette fatalité, d’autres non, certain.es auront plus de chance que d’autres. Souffrir d’une maladie neuro-dégénérative comme la démence ou l’Alzheimer sont dans les finalités que nous voulons éviter le plus. Bien que la science fasse des progrès et repousse toujours un peu plus les effets négatifs de la maladie, on n’en guérit toujours pas. Le diagnostic d’une de ces maladies est une sentence lourde avec laquelle nous devrons vivre, ainsi que notre entourage, jusqu’à la fin de nos jours.
La lourdeur de la prémisse est indéniable mais Alix Garin arrive à nous garder du côté touchant, drôle et apaisant de l’histoire, malgré qu’une trame de fond menaçante prenne toujours plus de place. Le choix des couleurs pastels permet d’alterner entre douceur des souvenirs et douleur du moment présent. Oeuvre semi autobiographique, Alix se met en scène avec sa grand-mère atteinte de la maladie d’Alzheimer. Alors qu’elle vient la visiter à l’hospice, elle réalise les conditions quelques peu misérables dans laquelle elle est obligée de vivre, totalement vulnérable et dépendante du système de santé – pas besoin d’aller très loin pour se rappeler que nos aîné.es vivent également dans des conditions lamentables ici, au Québec, et que des milliers d’entre eux.elles ont littéralement été abandonné.es à une mort indigne dans les CHSLD pendant la pandémie (et avant). Pris d’une bouffée d’aventure, Alix s’empare de sa grand-mère et ensemble elles quittent l’hospice, en catimini. Sur les routes de France, elles naviguent dans le but de retourner à la maison d’enfance de la grand-mère d’Alix, peut-être dans l’espoir que ces souvenirs ravivent la flamme de la mémoire faiblissant à chaque jour. Bien que tourné de manière comique, le récit n’en reste pas moins alarmant par moment, notamment parce qu’Alix ne sait pas toujours comment gérer les accès de colère, de crainte et d’anxiété de sa grand-mère (symptômes de sa maladie). Pire, elles se retrouvent à des centaines de kilomètres de l’hospice, presque sans argent et avec une panne d’essence.
Le récit propose plusieurs rebondissements comiques et (parfois) tragiques, et on sent très bien la maîtrise dans l’écriture du récit par l’autrice. Ne m’oublie pas est un roman graphique tout aussi touchant que drôle qui nous rappelle que nos existences s’effritent commes des falaises érodées.
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GENRE – Roman graphique
PUBLIC – 15+
PARUTION LE – 15 Janvier 2021
PAGINATION – 224 pages
FORMAT – 202 x 268 mm
ISBN – 9782803676231