Vous êtes chaleureusement accueilli·es dans un grand collage d’idées, de mélodies, de corps en mouvement et de textiles. À travers une exploration du plaisir, du sacré, de l’amour propre et du doute, la notion d’identité se décortique.
Pour ce spectacle, Sovann Rochon-Prom Tep puise dans la créativité et l’expérience des artistes de danse et de chant Samantha Hinds et Angélique Willkie, ainsi que de l’artiste visuelle Laïla Mestari. À partir de cette matière intime, il dessine les grandes lignes d’un univers commun et éclaté qui prend vie grâce à ses complices.
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Après avoir présenté le spectacle »Un temps pour tout » il y a quelques temps à La Chapelle, Sovann Rochon-Prom Tep revient avec un nouveau projet qui s’oriente dans une autre direction, celle de l’interdisciplinaire. Accompagné d’artistes provenant du chant, de la danse et des arts visuels, Sovann Rochon, danseur de formation mais également chorégraphe, se lance dans des réflexions aussi vastes que troubles. Abordant les notions du soin (du self care), du partage ou du sacré, l’univers des artistes tisse des liens entre des thématiques autant intimes que politiques. Le travail visuel de Laïla Mestari, à la limite de l’intstallation, rappelle l’époque (lointaine, pour certain.es) de l’enfance, de la naïveté et de l’insouciance. Est-ce que, pour prendre soin de soi, il faut absolument fermer nos écoutilles sur le monde dans lequel nous vivons ? Que peut-on faire pour avoir plus de silence, créer une d’absence totale de stimulations ? Considérant les environnements toxiques (sociaux et politiques) dans lesquels nous avons parfois à baigner, il est normal que tout cela nous amène à un épuisement, autant physique que mental. La scénographie arrive à crée une bulle apaisante dans laquelle il devient plus facile de s’ouvrir, de s’écouter et de se confier. Les actions de Hinds et Willkie, en symbioses de corps et d’esprit, sont authentiques et sobres. Cette sororité, cette solidarité apparente pourrait en effet être un des meilleurs remparts aux problèmes qui nos entourent, aux systèmes qui cherchent à nous assouvir, à nous faire plier. Ne rien faire, revenir à soi, est un grand acte de résistance.
Même si l’esthétique colorée et la mise en espace sont réussies, le spectacle souffre parfois d’un certain statisme, autant physique que dans l’aboutissement de quelques idées. Les prémisses sont intéressantes et touchent le public à plusieurs reprises, et quelques fois cela tombe à plat. Peut-être est-ce, aussi, une sensibilité qui ne saura pas rejoindre tout le monde. Le travail est honnête et possède des particularités qui font de ce spectacle un objet étrange et apaisant, ce qui est appréciable. Cela dit, dans cette toile pourtant bien tissée, certains trous persistent et on se demande jusqu’à quel point l’interprétation du public peut être ouverte, jusqu’à quel point elle est contrôlée. Si le cadre dramaturgique n’est pas suffisamment solide, il peut être facile de se perdre. Dur de savoir, dans ces cas-là, si c’est une question de goût et de préférences esthétiques ou simplement de standards qui ne sont pas les mêmes pour tous.tes. Quoiqu’il en soit, même si les questionnements sont parfois flous, ceux qui se rendent à nous sont pertinents et méritent que l’on s’y attarde.
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Sam et Angèle
La Chapelle – Scènes contemporaines
7-8 mars 2022 (19h)
10-11 mars 2022 (20h)