En plus d’être diplômée en thanatologie, Maude Jarry est titulaire d’un baccalauréat en écriture de scénario et création littéraire. Heureusement, ces jours-ci, elle passe de moins en moins de temps auprès des morts pour se concentrer sur les tâches glauques et saugrenues d’un travail de bureau, et surtout, sur l’écriture. Ainsi, son premier livre sort en librairie. Et quel livre !
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Même si ce n’est pas le premier (ni le dernier) recueil nous parlant d’amour, on dirait qu’il y a toujours de nouvelles manières d’aborder le sujet, de l’intérieur comme de l’extérieur. Dans ce recueil, on se retrouve avec une belle série de poèmes longs, nous décortiquant les aléas d’une relation amoureuse pancanadienne aux avant-goûts toxiques. On ne sait jamais si on voit les choses venir ou non. Quand tout semble beau, pourquoi s’emmerder à se concentrer sur ce qui ne nous plaît pas ? Comment voir l’incompatibilité d’une relation ou les patterns et les red flags si évidents ? Comment s’acclimate-t-on à une famille qui a grandi dans un autre contexte, un autre écosystème ? Entre l’est et l’Ouest canadien, il y a un monde (pas seulement en nombre de kilomètres).
tu m’avais fais un cadeau
d’un Noël vert couvert de brume
opaque et humide
dans ta famille britanno-colombienne
tu savais que j’ai toujours préféré
la West Coast au West Island
les précipitations qui savent où disparaître
sans qu’on ait besoin de les pelleter
Les relations et les gens évoluent. Parfois, on est malhonnête par peur de se dévoiler un peu trop à l’autre. On se sent forcé d’aller dans l’arène si on veut obtenir ce qu’on veut. On embarque dans ce recueil comme dans une montagne russe, ne sachant jamais trop quand ni où aura lieu la prochaine débarque. On avance dans une relation à tâtons, ne sachant jamais quand on mettra la main sur une seringue dans le noir.
ce qui nous ravage
ce n’est pas tant le temps qui passe
juste que la vie
ç’a toujours l’air trop long
jusqu’à ce qu’y soit trop tard
Les rechutes sont fréquentes aussi, même des mois après la guérison. Comment revient-on d’une expérience intense qui aura gravé son nom dans notre chair en lettres de feu ? Comment faire preuve de résilience quand on a simplement envie de vomir un flot de bile noire, de déchirer tout ce qu’il reste de cette relation à la fois magnifique et dévastatrice ?
quand quelque chose
fait pas mon affaire
je ferme les yeux trop fort
quand je les ouvre à nouveau
je fais semblant que c’est pus là
y en a qui appellent ça du déni
moi je dis juste
que c’est de la magie
Quand on lit »Si j’étais un motel », on se sent moins seul. Qui aurait pensé que ce serait apaisant de regarder dans l’oeil de la tempête ?
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Si j’étais un motel, j’afficherais jamais complet
En librairie le 2 avril 2019
88 pages
15$
Aux Éditions de Ta Mère