Artistes, activistes, designers, typographes, provocateurs.trics et rebelles en tout genres : ce livre est pour vous ! Ce n’est pas qu’un simple manuel ou mode d’emploi pour faire de l’art pochoir, mais également un guide pour réfléchir à votre cheminement artistique. L’expert en arts de rue Tristan Manco et plus de 100 artistes vous invitent dans ce livre à expérimenter une liberté absolue permise par les pochoirs pour créer, imaginer, faire des erreurs et changer le monde (rien de moins).
En plein milieu d’une période où les protestations augmentent à une vitesse encore inégalée et où les citoyen.nes ont quelque chose à dire – à propos des failles politiques, de la crise environnementale, des inéquités sociales ou simplement dans le but de ramener un peu de beauté dans le monde – l’art de faire des pochoirs (stencil art en anglais) fait éclater la bulle de la complaisance et se trouve à être un outil redoutable pour faire passer un message rapidement et autant de fois que nécessaire.
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Sur la page couverture du livre on peut lire : »Les villes sont remplies d’oeuvres-pochoirs, protestant contre les inégalités sociales, le capitalisme et autres formes d’oppressions. Et c’est facile de faire partie de ce mouvement. Tout ce que vous devez vous poser comme question c’est : que voulez-vous dire ? »
Entre le mode d’emploi, le livre punk activiste et le livre d’art, The Stencil Graffiti Handbook est d’une grande richesse, autant pour les yeux, l’inspiration que l’intellect. Composé en 7 chapitres, le livre nous amène d’abord à découvrir le monde de l’art graphique urbain (dit aussi pochoirs, graffiti ou encore murale) d’un point de vue pragmatique. Les deux premiers chapitres se concentrent sur les bases et les techniques variées (quasi infinies) que l’on peut utiliser pour faire des pochoirs. Avec un X-acto, du papier carton et de l’imagination, vous pouvez tout faire.
Dans le troisième et quatrième chapitres, l’auteur aborde les raisons de faire de l’art urbain, développe des thèmes récurrents chez les activistes (notamment tout ce qui s’oppose aux structures de pouvoirs et les systèmes d’oppressions). On aborde également les styles et courants artistiques variés qui se sont développés depuis les années 1960.
Le cinquième chapitre fait office de galerie photos pour nous montrer le talent des plus grand.es artistes muralistes à travers les métropoles du monde entier (Buenos Aires, Berlin, Lisbonne, Melbourne, Paris, Bogota pour ne nommer que celles-ci).
Le dernier chapitre met l’accent sur le travail de certain.es artistes majeur.es dans leurs studios respectifs pour se terminer sur un chapitre consacré uniquement aux ressources (quel type d’outils utiliser, les matériaux, des conseils pratiques et des avis de sécurité en cas de blessures).
Très complet, ce guide nous propose une belle introduction pour quiconque désire s’intéresser à l’art du graffiti. Le livre a été publié en anglais et nous amène à nous questionner à quel point une culture locale peut influencer la présence du graffiti ou non dans une ville. Par exemple, les villes d’Amérique Latine ou d’Europe considèrent le graffiti illégal mais le tolèrent en grande partie(tant qu’ils ne sont pas faits sur des bâtiments gouvernementaux). Ce qui est loin d’être le cas en Amérique du Nord. Au Canada, n’importe quelle personne étant prise en flagrant délit de réaliser un graffiti se verra remettre une amende au montant abusif de 2500$.
Considérant que l’art graffiti est un des derniers arts libres (puisqu’il est un résultat de la contre-culture et du mouvement punk des années 70) et qu’il permet aux citoyen.nes souvent ignoré.es et marginalisé.es de prendre la parole, on ne peut que grandement se questionner sur la sévérité de telles amendes. En quoi une amende aussi coûteuse pour de la peinture sur un mur est-elle justifiée ? Quand on sait que de »brûler » un feu rouge ne coûte que 150$ et que des agressions sexuelles ne sont pour la plupart du temps jamais punies, on est en droit de demander une réflexion de fond sur le sujet et sur les priorités des gouvernements nord-américains.
Les graffeur.es (ou writers) embellissent plus souvent qu’autrement la ville dans laquelle ielles opèrent et créent. Rares sont les passant.es qui sont insulté.es par la présence d’une oeuvre d’art murale au détour d’une promenade. Mieux, c’est souvent de cette rencontre inattendue que peut jaillir la réflexion et c’est sur cette disruption que jouent les artistes de rue pour faire passer leur message, ces discours que l’on n’entend jamais dans les médias.
Au final, c’est parce que les discours divergents et dissidents prennent la parole sans qu’on leur ait donné la permission que les gouvernements cherchent autant à les punir. On punit les gens pour avoir osé être contre un mouvement dominant. Pourtant, pas une journée ne passe dans nos vies sans que nous soyons bombardé.es par de la publicité et nous l’acceptons malgré tout, malgré que ce soit une véritable pollution visuelle. 2500$ équivaut à plusieurs mois de loyers pour quelque chose qui, au final, s’efface avec une machine à pression, si l’on n’est pas satisfait du résultat.
The Stencil Graffiti Handbook permet de lier les différents types d’art graphiques urbains ensemble pour un résultat très satisfaisant pour quiconque désire devenir le.la prochain.e disrupteur.trice de sa ville.
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Format : Papier – 23.0 x 17.5 cm
Pages :288
Illustrations: 430
Paru le 18 Juin 2020
39.95$
ISBN:9780500022856
https://thamesandhudson.com/the-stencil-graffiti-handbook-stencil-graffiti-2-9780500022856