Une première en 35 ans, en cette soirée du mercredi 22 janvier, deux grands orchestres de Québec, soit l’Orchestre symphonique de Québec et les Violons du Roy ont uni leurs musiciens pour proposer un concert tout à fait exceptionnel !
Le tout débute par Les Élémens du compositeur français Jean-Féry Rebel, une œuvre de 1737. Jouée par un nombre réduit plus ou moins de musiciens à la fois de l’OSQ et des Violons du Roy, on est saisi par la fusion entièrement réussie entre ces musiciens. On a l’impression qu’ils ont toujours joué ensemble. À la direction de l’ensemble, le chef Mathieu Lussier fait ressortir adroitement les couleurs magnifiques de cette pièce avec ses ornementations variées pour cors, flûtes, trompettes et cordes. Une belle découverte et une première à Québec d’un compositeur baroque rarement joué.
La seconde œuvre au programme est aussi une première à Québec. Regroupant un nombre plus considérable de musiciens sous la direction de Fabien Gabel, le chef attitré de l’OSQ, on interprète le Concerto pour trompette, une création du compositeur français Henri Tomasi, datée de 1948. C’est un régal musical mettant en vedette un invité suédois, le fameux trompettiste Håkan Hardenberger. Ce virtuose à la trompette, utilisant deux sourdines par moments nous fait apprécier toutes les facettes et les subtilités qu’on peut imaginer d’un concerto contemporain pour trompette et grand ensemble symphonique. En effet, Tomasi dans sa structure de trois mouvements a voulu largement illustrer toutes les possibilités musicales de la trompette dans le cadre d’une symphonie. La sonorité du trompettiste est superbe. La complexité de l’œuvre pour ce dernier est d’une telle exigence. Une exécution magnifiquement réussie pour lui et tous les musiciens de l’ensemble. Soulignons entre autres dans le deuxième mouvement « Nocturne » le lyrisme entre la trompette et la harpe de l’orchestre dont les inspirations ne sont pas étrangères à la musique du jazz alors que la France s’ouvrait davantage à cette musique américaine.
Au retour de l’entracte, Le Sacre du printemps, la grande création du compositeur russe Igor Stravinski de 1913, une œuvre phare, géniale, créée pour les Ballets russes de Serge de Diaghilev. Or à sa création à Paris le 29 mai 1913 au tout nouveau Théâtre des Champs-Éysées, ce fut accueilli par un tollé général dans la salle d’une telle ampleur entre les tenants et les opposants de l’œuvre. Pour le public de l’époque, il y avait une telle rupture avec les compositeurs auxquels le public avait l’habitude d’entendre les œuvres. Or encore pour nous en 2020. il y a des sonorités carrément modernes et audacieuses pour un très grand orchestre sollicité dans les registres extrêmes de ses instruments. Le tout est vif, puissant, exaltant même à l’écoute pour le public. L’interprétation entendue hier soir est superbe, tellement précise et exacte musicalement. Pour le chef et les musiciens, c’est véritablement un tour de force. Bravo à Fabien Gabel et à tous les musiciens : cordes, cuivres, instruments à vent, percussions. Le public a adoré et a bien fait entendre sa satisfaction à l’issue du concert. Bref, c’est un concert exceptionnel et mémorable à Québec !
Crédit-photos : Lise Breton, photographe
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