CARNE y ARENA est une expérience immersive solo, amplifiée par la réalité virtuelle, qui bouscule nos a priori et ouvre nos horizons. Basée sur des histoires vécues et reconstituées de réfugiés d’Amérique centrale et du Mexique, l’œuvre multi-sensorielle nous fait revivre de manière saisissante leur épreuve singulière.
Initialement présentée en première mondiale lors du 70e Festival de Cannes en 2017, devenant ainsi le premier projet de réalité virtuelle au programme dans l’histoire du festival, l’installation conceptuelle d’Iñárritu a été optimisée par le Studio PHI afin qu’elle puisse être tournée à travers le monde et être vue par le plus grand nombre de gens. CARNE y ARENA a été présentée pour la première fois dans sa version optimisée à Denver au Colorado en janvier dernier.
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Chaque jour, des centaines d’êtres humains tentent de migrer vers les États-Unis par les frontières terrestres et maritimes séparant les USA du Mexique. Dans une épreuve qui a tout l’air d’être un parcours du combattant, des centaines y perdent la vie. Les autres sont victimes de violence, sont séparé.es de leur famille et, les plus chanceux.euses, survivent et entrent aux États-Unis. Leur misère ne s’arrête pas là : ce seront de longues années de précarité, de vulnérabilité et d’isolement qui les attendront, empreintes de racisme. Une infime quantité d’entre eux.elles trouveront le soutien d’ami.es ou membres de la famille déjà résident.es au pays.
L’immigration du sud vers le nord ne cessera pas. Ce n’est pas un fléau : c’est une réalité. Tous les êtres humains veulent avoir une qualité de vie acceptable pour eux.elles et leurs proches. Ce qui les empêchent très souvent d’atteindre cet objectif est un manque flagrant d’empathie de la part des pays d’Amérique du Nord et d’Europe de l’Ouest. Depuis des décennies, les médias d’informations et les gouvernements au pouvoir martèlent des discours xénophobes afin de démoniser les personnes venant de l’étranger, parce qu’elles n’ont pas la même culture et la même langue – tout ça parce que ces personnes cherchent une vie meilleure. Même les conditions dégradantes dans lesquel.les vivent certain.es immigrant.es une fois arrivé.es aux USA sont malgré tout meilleures que les conditions de leur pays natal, certains gangrénés par la violence et la corruption.
Si on fait preuve d’un minimum d’humanité, on ne peut que comprendre leur désir de chercher mieux ailleurs. Et la seule chose qui les empêchent réellement d’y arriver ce sont leurs semblables, d’autres êtres humains. Pendant le mandat de Trump, ce sont des milliers d’enfants qui auront été arraché.es de leur famille, une fois la frontière traversée, simplement pour y être entré sans papiers, créant ainsi des traumatismes irréparables.
Alejandro Iñárritu (réalisateur connu pour ses films tels que Birdman et The Revenant) nous offre l’opportunité déchirante, par une petite brèche, d’observer ce qu’ont pu vivre certaines de ces personnes.
»Il n’y a pas d’acteurs ici. Ces histoires que les migrants reconstituent pour nous sont celles qu’ils ont véritablement vécues. Pour l’occasion, ils ont même enfilé certains des vêtements qu’ils portaient au moment de franchir la frontière. » (Extrait tiré de la démarche de l’artiste)
Le terme »expérience sensorielle » est, depuis les dernières années, un terme très souvent galvaudé. On l’utilise à toutes les sauces comme un buzzword afin de titiller l’intérêt des gens à venir vivre des expériences. Bien souvent, ces soi-disant expériences tombent à plat. On sent que l’on s’est un peu fait fourguer des grandes promesses pour un résultat trop fade. Ce n’est pas du tout le cas ici.
Des expériences multisensorielles comme celle de CARNE Y ARENA ne courent pas les rues. Dans un souci de ne pas divulguer trop ce qu’il se passe pendant la présentation, je me contenterai de vous parler de ce qu’un moment comme celui-ci vous fait vivre.
Bien qu’assez court, la scène à laquelle nous assistons, par le biais d’un casque de Réalité Virtuelle, est à la fois troublante et anxiogène. Tout dans ce projet nous donne l’impression d’y être. L’impuissance nous accompagne tout au long de cet événement puisque nous assistons à ce qu’il se passe sans pouvoir intervenir. Le lieu choisi, l’ambiance, la température, le parcours avant la présentation : tout participe à nous mettre, littéralement, dans les souliers de ces personnes.
Réellement multidisciplinaire et multisensorielle, CARNE y ARENA est une œuvre coup-de-poing réussie. Peut-être est-ce ce dont nous avons besoin pour nous ramener à l’ordre quand l’empathie semble nous manquer.
»Au cours des dix années durant lesquelles ce projet a mûri dans mon esprit, mon intention première a toujours été d’utiliser la réalité virtuelle pour explorer et représenter de manière personnelle la condition humaine des migrants. » (Extrait tiré de la démarche de l’artiste)
Si vous êtes claustrophobes, soyez averti.es. L’expérience est forte et potentiellement anxiogène. Si vous possédez des connaissances en espagnol, vous profiterez un peu plus de l’immersion dans ce scénario poignant.
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En parallèle, tant qu’à faire un tour à l’Arsenal, prenez le temps de visiter les différentes salles d’exposition rassemblant des œuvres de Rafael Lozano-Hemmer, Jean-Michel Othoniel et Véronique Duplain ! Elles en valent le détour.
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Du 17 mars au 20 juin 2021
CARNE y ARENA
Présenté par le Centre Phi et l’Arsenal
Montréal