[ya khawal !] s’exclamait la grand-mère de Nour, sa téta. Une expression usuelle dans leur communauté égyptienne copte, bien qu’elle signifie « ma tapette ». À travers l’apprentissage de la langue de sa famille paternelle, l’autaire découvre que cette expression réfère aussi à des danseurs habillés « en femme » sous l’occupation ottomane au 19e siècle. L’imaginaire de Nour Symon s’illumine devant les photos de ses ancêtres queer, puis de la connexion étrange avec son enfance passée à Ville Saint-Laurent.

Dans Khawal, le privilège de la beauté, poèmes, lettres, récit, essai et partitions musicales s’entrecroisent. Nour Symon questionne ses intersections, rend hommage aux familles choisies, partage des recettes égyptiennes millénaires et offre à voir sa complexité comme des tiroirs de breloques-trésors grand ouverts.

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Sur la quatrième de couverture du livre, on peut lire :

Je suis un·e slutty queen trans fèm égypto-québécois·e neurodivergent·e polyamoureux·se et pansexuel·le. Avant de quitter le Québec pour l’Égypte, j’étais en deuil et je craignais la disparition de la beauté. Tout a changé quand j’ai visité ce pays que j’étais si pressé·e de rencontrer depuis la prise de conscience de mes origines. Je ne suis peut-être plus la même personne maintenant. Et pourtant, je suis toujours un·e slutty queen trans fèm égypto-québécois·e neurodivergent·e polyamoureux·se et pansexuel·le, effrayé·e par la disparition de la beauté, et en deuil.

Dans ce livre massif, aux allures d’une archéologie intime hybride de son identité égypto-québécoise, l’autaire nous invite à plonger dans son intimité. Tout doucement, Nour Symon ouvre des tiroirs qui représente des pans de sa vie et, surtout, toute la complexité de son existence.

On assume assez mal, au Québec, la complexité de nos identités et de nos héritages. La complexité de l’amour qu’on porte à celleux qui nous ont bercé·es. L’air du temps a le dos large du tabou et du silence.

Au fur et à mesure des pages, on y découvre des relations fortes (et des expériences relationnelles moins agréables) qui auront laissées leur trace, on verra l’autaire plonger dans des questionnements sur ses ancêtres québécois·es et ses ancêtres égyptien·es coptes, on admirera des compositions visuelles de l’autaire, on ressentira avec empathie ce qu’avoir un cerveau neurodivergent peut nous faire vivre, on apprendra comment faire un excellent chakchouka, on découvrira l’histoire du mot khawal et de tous ces systèmes d’oppressions qui auront (et font encore) étouffer tant de sensibilité, tant de glitters, tant d’humanité.

la transidentité comme une force spirituelle

être khawal

comme une force

spirituelle

danser agiter les hanches breloques d’or piécettes d’argent

danser

seul·e

maquillé·e de khôl

pour soi-même

comme une force spirituelle

danser

comme une force spirituelle

être khawal

comme une euphore de genre

On ne peut que remercier les Éditions du Noroît d’avoir fait le pari du grandiose : un livre de 475 pages, avec des oeuvres en couleurs, qui regroupe tant de styles, tant de sensibilité et – définitivement – tant d’amour.

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Collection Adelphe

2024

$39.95

978-2-89766-461-9

PAPIER

$22.99

978-2-89766-462-6

NUMÉRIQUE