Dans un volume de 80 pages, l’une des histoires les plus intimes et visionnaires créées par Jesse qui, pour la énième fois, nous entraîne dans un monde grotesque où les protagonistes construisent plein de créatures bizarres et s’embarquent dans des situations extravagantes, et ce, tout en couleur ! Une histoire qui part d’un contexte simple et juvénile; un groupe d’enfants, d’une ville provinciale, sont déterminé.es à participer à l’achat de ces nouveaux animaux de compagnie modulaires.

Une histoire d’horreur, d’amour et de respect…

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Les animaux de compagnie ne sont plus à la mode. Maintenant, tout le monde veut les petits animaux portatifs à assembler !

L’histoire commence alors qu’un petit garçon, le protagoniste, voit deux élèves de son école entraîner un nouvel animal bipède à fourrure. Au début malhabile, l’animal trébuche et, sous le choc, se démantèle au sol. Mais c’est apparemment dans leur nature de subir des chocs, d’être séparés de leurs parties et d’apprendre à se reconstruire pour revenir à leur forme initiale. À travers plusieurs vignettes, nous suivons différent.es élèves posséder chacun.e leur nouvel animal, ayant une couleur et des proportions bien spécifiques. Faisant parfois penser aux Mogwaï (du film Gremlins) ou à des pokémons, ces animaux ont à la fois un air doux et inquiétant. Venant en différentes formes et dimensions, ils ont la particularité d’être vendus en pièces détachées. Pour posséder un animal complet, il faut donc acheter plusieurs petites parties. C’est lorsque le protagoniste se rend à l’animalerie pour s’en procurer un à son tour qu’il réalise que ces parties sont elles-aussi des petits animaux (ayant la forme de pieds, de mains, de yeux, de bustes à visages…) qui ont le désir de chercher à s’assembler avec ceux de leur espèce. On peut y voir un parallèle évident que tous les êtres sont interconnectés et interdépendants, et qu’ensemble iels forment un tout complet, de la même manière que nos corps sont composés de cellules indépendantes et interdépendantes les unes des autres pour composer le tout que nous sommes. D’une certaine manière, ces animaux étranges sont d’une espèce qui se rapproche beaucoup de l’espèce humaine.

 »Il n’y a pas de mauvais animaux, il n’y a que des mauvais maîtres », entend-on souvent quand il est question d’une histoire malheureuse impliquant un animal de compagnie devenu méchant ou ayant eu une altercation avec un être humain. Cet énoncé est d’ailleurs nommé pendant le récit, alors que l’on voit que chaque enfant à une relation bien particulière avec son animal respectif. Pour la plupart, à part le personnage principal, iels ont tendance à ne pas très bien traiter leur animal de compagnie, ce qui a pour effet de changer le comportement de ces animaux au fur et à mesure du récit. Alors qu’ils semblent d’une nature paisible (comme on peut le voir avec le petit animal-ver du garçon), on les voit devenir de plus en plus stressé et limite agressif.

En parallèle, les enfants réalisent que ces animaux en pièces détachées peuvent également mélanger leurs parties avec celles d’un autre animal, créant une nouvelle forme unique, un nouvel animal à part entière. D’autres enfants, plus aisés, décident d’acheter une grande quantité de parties pour créer des animaux monstrueux et de plus grande taille. C’est à travers la palette de couleurs fluos et dans les différentes morphologies de ces bêtes que l’on retrouve tout le talent singulier de Jesse Jacobs, qui sait développer des univers étranges avec des traits d’une grande précision. Le mouvement des images et l’organicité des corps des animaux est palpable et arrivent à nous transmettre une inquiétude grandissante au fil du récit.

Bien sûr, puisque les humains semblent toujours avoir les pires idées dans des situations comme celles-ci, tous les enfants de la ville décident d’assembler leurs animaux ensemble afin de créer un gigantesque monstre composé de milliers de petites parties indépendantes. Cet animal devenu trop instable fini par s’écrouler et s’éparpiller sur tout le terrain sur lequel les enfants ont pris part à l’expérience. Mais l’accumulation de stress et (parfois) de maltraitance de la part de leur maître a rendu les animaux aggressifs, et ceux-ci finissent par se retourner contre leurs maîtres.

Dans un récit qui oscille entre l’histoire pour enfant, le fantastique et l’horreur, Jesse Jacobs nous offre un nouvel album aussi riche en couleur que développé sur le plan philosophique.

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Édité et publié par Hollow Press en April 2023
Première impression – Édition limité


1500 copies – Édition anglaise
500 copies – Édition italienne

Couverture en carton
80 pages

Illustrations : Jesse Jacobs
Editor: Michele Nitri
Design graphique Marco Cirillo Pedri
Traduction italienne: Salvatore Privitera