Magali a 11 ans. Elle aime les Beatles, dans la catégorie « passionnément » ou « à la folie ». Ce qu’elle aime moins, c’est l’école, surtout depuis qu’elle est au collège. Elle qui pensait être une élève comme les autres éprouve soudainement une peur panique à l’idée d’aller au collège. Telle une « Alice au pays des merveilles », elle se réfugie alors dans l’univers parallèle des Beatles nourri de leur musique et de couleurs éclatantes.

Une bande dessinée autobiographique, sensible et drôle, en dépit de la gravité du sujet, la phobie scolaire.

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Qui n’a jamais eu le ventre noué à l’idée d’aller à l’école ? Qui n’a jamais été terrorisé.e lors de la rentrée scolaire, se demandant comment l’arrivée dans un nouvel univers allait se passer ? Les nouveaux.elles ami.es, ennemi.es, professeur.es, les matières préférées et détestées, trouver sa case, aller acheter des fournitures scolaires, se lever tôt tous les jours, cinq jours par semaine, dix mois par année … Ouf ! L’endroit dans lequel on passe presque l’entièreté de notre enfance à une énorme influence sur la manière dont évoluera notre personnalité et nos intérêts. C’est dans cet univers social que nous apprendrons à évoluer avec les autres, mais aussi que nous en apprendrons beaucoup sur nous-même. Pour certain.es, ces années se déroulent plus ou moins tranquillement, sans trop de remous. Pour d’autres, ce sera une expérience traumatisante.

C’est le cas de Magali Le Huche. Aimant pourtant l’école dès son jeune âge, la pression parentale d’obtenir les meilleures notes possible s’immiscera subtilement dans sa psyché, au point de lui développer une anxiété de performance (aggravée par une très mauvaise pédagogue qui, hélas, est le genre de prof encore présent.e aujourd’hui, même si beaucoup plus rares qu’il y a une trentaine d’années). Nous avons tous.tes eu un.e/des mauvais.es profs pendant notre scolarité et nous nous rappelons tous.tes de l’impact que cela aura eu sur notre moral, notre estime de soi et notre personnalité. Tout le monde trouve sa manière de gérer l’anxiété, même dès le plus jeune âge et même quand cela se fait inconsciemment. Dans le cas de l’autrice, la musique des Beatles, découvertes forfuites grâce à sa soeur, sera sa bouée de sauvetage pendant de très longues années.

Alors que la jeune Magali tente tant bien que mal de s’adapter au contexte stressant de l’école, elle finit par développer une phobie scolaire, ce qui la tiendra à l’écart de l’école pendant de nombreuses années. Faisant l’école à la maison, les Beatles seront toujours là pour prendre soin d’elle et de son anxiété. Ce ne sera rendu qu’en 5ème année (l’équivalent du secondaire 2 au Québec), qu’elle se réinsèrera tranquillement parmi les autres. Les artistes musicaux britanniques ne la quitteront jamais vraiment, comme des anges gardiens dormant sur ses épaules. Le style de dessin à la main et en noir et blanc accentue le contrast avec l’ajout des rares moments de couleurs, illustrant bien l’anxiété généralisée ne la lâchant pas. Les couleurs châtoyantes et éclatées apparaissent toujours au moment où les Beatles font surface pour la sortir de sa torpeur. En soi, l’oeuvre est autant accessible pour des jeunes que des adultes, touchant à une thématique bien actuelle pour les jeunes scolarisé.es et rappelant des bons (ou mauvais) souvenirs aux plus vieux/vieilles.

En cette rentrée scolaire, peut-être devrions-nous tous.tes nous rappeler la pression sociale que cela représente de devoir s’insérer dans un contexte aussi stressant et surstimulant que l’école. Espérons que les parents ne laisseront pas leurs enfants devenir malheureux.euses uniquement dans le but d’être les meilleur.es (puisqu’on sait très bien au final, une fois l’école terminée, que ce n’est pas cela qui compte le plus). Enseignons un peu plus aux jeunes de faire ce qui leur tente réellement, plutôt que de vouloir atteindre des objectifs ridiculement élevés uniquement dans le but d’être plus tard des citoyen.nes productifs.ves et  »modèles ». Soyons à l’écoute, ce sont eux.elles qui prendront le monde en charge dans quelques années.

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Public : Tous publics

Date de parution : 05.03.2021

Collection : Hors Collection Dargaud

Format : 210 x 282 mm

Nombre de pages : 120 pages

Type de façonnage : BD Couverture Cartonnée

ISBN/EAN : 9782205085037