Depuis quelques semaines, l’humoriste Ève Côté monte à nouveau sur les planches, cette fois-ci seule, pour présenter son spectacle Côté Ève. De passage à la salle Albert-Rousseau à Québec le 21 février, elle a réussi à envoûter l’auditoire durant ses 75 minutes de présence sur scène.

Premier spectacle solo après les Grandes crues

Les dernières années, on remarquait surtout Ève Côté pour ses participations à la radio et à la télévision, et où on reconnaissait encore tout son mordant et sa verve qui avaient fait sa renommée avec les Grandes crues. Cela nous a permis d’apprécier son talent en solo, et c’est dans cette perspective plus intimiste qu’elle nous invite maintenant à revisiter des moments croustillants de son enfance et de ses expériences de jeune adulte à travers son spectacle.

Rire de soi et des autres

Ève nous transporte dans sa Gaspésie natale et nous raconte, avec un humour potache et son style incisif et cru, des tranches de sa vie où s’entremêlent des personnages plus grands que nature. Entre nous, rien n’est banal dans ses histoires. Ève la conteuse sait enrober les détails les plus anodins d’une enveloppe truculente ou scatologique à souhait. Elle se permet aussi de reprendre une expérience de purification qui tourne autour du vomi et de la diarrhée. Si vous ne riez pas, vous sourirez sûrement!

Et si souvent les traits physiques ou de caractère de sa parenté se révèlent drôles, c’est aussi dans l’excès de certaines de ses anecdotes que vous trouverez à rire.

Bien qu’ancrée dans son histoire gaspésienne, elle se permet néanmoins quelques références à la royauté britannique et à l’arnaqueur de Tinder, où fait écho le jugement grossier des comportements des victimes vis-à-vis leur agresseur.  

Mise en scène théâtrale entrecoupée de chansons

Si Ève excelle dans l’humour et la comédie, il en va tout autrement pour la chanson. Si c’est pour faire un clin d’œil à Yvon Deschamps, c’est intéressant. Si c’est pour un hommage à Céline, je mettrais ça de… Côté. Si c’est pour amener un autre niveau au spectacle, il manque un petit quelque chose pour ficeler tout cela et pour que les spectateurs soient amenés ailleurs.

La mise en scène de Joël Legendre propose une approche théâtrale rythmée par des actes au fondu en noir brutal. On se demande ce qu’amène cet artifice à la qualité du spectacle. L’univers de Côté se porte de lui-même, et l’humour peut très bien se vivre du début à la fin d’un spectacle, comparativement aux montées dramatiques du théâtre où la séparation en actes permet de créer une tension entre les tableaux. On pardonnera cet écart aux spectacles d’humour dont la tendance est à une scène vide avec un tabouret, une bouteille d’eau et un micro. On saluera toutefois l’allusion aux Grandes crues quand Ève tenter de découvrir quelle bouteille, parmi les nombreuses exposées sur scène, contient un nectar alcoolisé, pour autant qu’il s’agisse bien d’alcool, comme on n’arrive pas à séparer le vrai du faux dans le récit parfois rocambolesque d’Ève Côté.

La conclusion du show où on projette des photos de famille sur un écran, comme un diaporama, apporte un œil attendri sur les personnages, et on peut déceler la complicité de l’humoriste avec sa parenté : les mettre en scène pour en rire, c’est démontrer l’amour qu’elle porte pour chacun et chacune.   Côté Ève reste un spectacle d’humour à voir et à rire. On réfléchit déjà à la suite de ce spectacle pour lequel plusieurs des représentations affichent déjà complet à la grandeur du Québec : Côté Adam? Côté cour, côté jardin?

Pour la liste des spectacles et les billets, visitez le site officiel d’Ève Côté