Le huit août dernier, Chantal Robi fêtait ses quarante-sept ans d’artiste.  Le personnage féminin, créé par Robi Bibeau, est toujours présente sur scène pour faire chanter, danser, pleurer et rire les spectateurs, les nouveaux comme les plus anciens.  Toutes les fins de semaine, elle se retrouve, elle et son conjoint Sexy Paul, au resto-cabaret de Pointe-aux-Trembles, C la Boîte à Chantal, qui a fêté ses cinq ans en novembre.  J’ai eu l’honneur et le plaisir de jaser avec cet artiste hors du commun mais très humain qu’est Robi, ou plutôt sa sœur, Chantal Robi.  J’ai commencé l’entrevue avec Robi et, quelques minutes plus tard, j’étais avec Chantal.  Elle s’est transformée sous mes yeux.  Spécifications : L’entrevue a été réalisée le cinq mars dernier, dans sa loge de C la boîte à Chantal.

40e de Chantal – 19 août 2017

Éric Côté : Te souviens-tu de ta première fois sur scène?

Chantal Robi :  C’était, je crois à la mi-août, il y a 46 ans, en 1976.  Je me souviens, c’est au Café Lincoln, sur Mont-Royal.  La scène était dans les escaliers.   Je faisais un show avec La Goulou, une vieille travestie.

É.C. : C’est là que Chantal est née?  Savais-tu à ce moment là que tu en ferais une carrière?  Est-ce qu’on peut appeler sa une carrière?

C.R. :  Non, pas à cette époque là.  On peut appeler ça plus une passion, de la magie du spectacle, d’être le centre d’attraction.   Être le maître, le centre d’attraction, c’est ça qui m’impressionnait.  Avec les années le clinquant est là, ça pis les plumes.  Mais c’est sûr que je voulais pas faire une carrière, mais des apparitions, des trucs comme ça.

É.C. : Tu avais seize ans à l’époque?

C.R. : Ah quinze ou seize ans.  Je passais l’halloween en femme quand j’étais jeune.  C’était l’époque des toques.  C’est Guilda qui m’impressionnait le plus quand je travaillais avec ses bijoux. Je me demandais comment elle faisait pour avoir de beaux maquillages comme ça.  C’est les années, le métier, l’expérience. 

Chantal et amis – 2 mars 2019

É.C. : C’est ce qui t’a donné la piqûre à ce moment-là?

C.R. : Oui, c’est cette magie-là. Sur scène, tu n’as plus rien, tu n’as plus mal nulle part.  Quand je suis Chantal, elle n’a pas de problème elle.  Et elle est juste là pour divertir son public et le faire rire.  C’est un autre monde.

É.C. : Le nom de Chantal vient d’où?

C.R. : Ça là…  J’ai eu 3-4 noms en tête mais le nom de Chantal en est pas resté là.  Au début. C’était Chantal Cantala, c’était une danseuse orientale.  Ensuite ça a été Chantal Robert et on a enlevé ça.  Là c’est plus Chantal Robi.  Ça change

É.C. : Je t’ai vu en pratique hier avec Paul et le soir, c’était complètement différent.  Lors de la pratique, tu étais Robi et en spectacle, tu étais Chantal.

C.R. Les mimiques sont différentes, les mouvements aussi.  Il faut les pratiquer.  À la maison, je pratique mes mouvements devant le miroir, je sais comment je vais me placer le corps pour que le monde me regarde aussi.  C’est voulu et c’est provoqué la façon dont je bouge des fois.  Lorsque je fais de nouveaux personnages, je dois aussi emprunter les mimiques et mouvements, les regards, les maquillages des chanteuses comme Dalida, Laurence Jalbert, Michèle Richard, Céline Dion, Sarah Brightman

Chantal et son Garden Party – Février 2020 – duo avec Sexy Paul

É.C. : Est-ce que tu as quelqu’un qui t’inspire, une muse?

C.R. : Il y a Guilda, Dalida mais aussi Michèle Richard, qui est extravagante, c’est du posage, du plaçage et aussi les mimiques.  Dalida, c’est subtil.  Pour moi c’est majestueux, c’est sensuel les gestes qu’elle fait.  Elle provoque aussi, la façon dont elle va rouler son nom.  C’est une des grandes dames que j’adore faire.

É.C. : C’est quelqu’un qui t’a amené à faire ça?

C.R. :  Je voulais faire ce métier là, sans savoir que j’en ferais un métier.  Pis au fil du temps, avec les années, je me disais que je n’arriverais pas à me payer les gros bijoux, les plumes et tout ça.  Pis Guilda elle, j’ai reçu des trophées d’elle, des plaques honorifiques.  Pendant un show dans un cabaret, Guilda a dit dans la soirée : « Si elle, comme travestie (à l’époque, on ne disait pas encore transformiste), elle était un cheval de course à Blue Bonnet, c’est sur elle que je miserais pour les prochaines années.  C’est là que j’ai eu le trophée Jean Guilda.  Ça a été magique.

Chantal et son Garden Party – Février 2020

É.C : Où as-tu commencé?  Dans un bar, dans les sous-sols?

C.R. : J’ai commencé au Café Lincoln.  Y’avait pas de scène, on chantait dans les escaliers.  C’était épouvantable écoute!  Mon premier costume, je l’ai encore.  Y’était en dentelle verte.  C’est le seul que j’ai gardé.    Je chantais live.  Mais je ne savais pas comment contenir ma voix. 

É.C. : Tu chantais pour vrai?

C.R. : Ah oui, je chantais pour vrai, comme Guilda.  Mais je savais pas contenir ma voix, les hautes et les basses… mais les gens aimaient ça.  J’étais jeune, vulgairement j’étais de la viande fraîche, faque je pognais.  Ils passaient le chapeau pour me payer et je ramassais facilement 25,00$.  C’était gros à ce moment-là.  Pour moi c’était comme 250,00$.  J’étais devenu une star! (rires)

Duo avec Sexy Paul – Le Bedondaine – 4 février 2017

É.C :  As-tu côtoyé de grands artistes?  As-tu des anecdotes?

C.R. : J’ai rencontré Dalida deux ou trois fois.  Je suis un fan fini de Dalida. J’ai reçu une de ses brosses à cheveux et une paire de boucles d’oreilles en cristal d’Autriche.  Mais elles restent chez moi car c’est un souvenir impérissable.  J’ai des photos avec elle, j’ai des photos avec Michèle Richard.  Pis j’ai fait des costumes à Michèle Richard.  J’en ai fait pour Pier Béland.  Avec elle aussi j’ai des photos.  Il y a pleins d’artistes que j’ai rencontrés. Elles savent que je les mime.  Une fois, Michèle Richard est dans la salle et j’étais en train de la faire.  Elle m’a regardé, pis comme je lui ai fait de la couture, elle me dit : « Moi je serais malade deux moi, tu me remplaces partout.  Tu l’as encore mieux que moi ».  Un moment donné je fais Claude Valade et elle entre dans la salle.  Je fais mes mimiques, toutes.  Elle monte sur la scène et elle a les deux bras croisés : « Tu m’imites bien!  Tu m’imites bien! ».  J’voulais mourir!  On a bien rit.  Elle est bien gentille et se faire faire imiter, c’est un honneur.  Ça veut dire que tu as un respect envers cette personne-là. 

É.C. : As-tu toujours la même passion aujourd’hui qu’au début? Est-ce que ça a changé un peu?

C.R. : Disons qu’il y a eu une grosse évolution. Je suis aussi passionné et aussi amoureux.  J’t’un amour, je deviens comme un enfant sur la scène.  J’aime impressionner les gens.  Pis c’est rare que je peux me laisser impressionner.   Tu peux me donner une « bobépine », je vais devenir émotif mais j’aime envoyer cette magie-là!  Quand j’embarque sur une scène, je le sais et je le sens que ça parait, parce que t’entends des « OOOH » et des « WOW », des belles choses.  Mais non, je suis encore passionné à 100%.  Avec tous les costumes que je me fais, il faut que tu aille la passion, faut que ça t’habite.  Il faut changer de costumes, changer de répertoire.   Mais je m’amuse parce que je suis divertissant.  Si le public embarque avec moi, c’est encore mieux.  C’est fantastique! 

É.C. : Toi, tu as toujours des projets dans la tête.  On en parlait un peu hier comme pour ton gros spectacle dans le stationnement.  Je ne sais pas si j’ai le droit d’en parler…

C.R. : Oui on peut en parler!  Ça va être quelque chose!  Moi j’adore les défis.  J’aime ça monter des shows d’anniversaire, que ce soit d’une personne, d’un artiste ou lancement de CD.  Moi j’adore, je plonge là-dedans les yeux fermés parce que je sais où je m’en vais.  J’aime ça « construire » là-dedans.  La pression ne me dérange pas moi.  Je carbure à la pression!  Pis quand je réalise que j’ai réussi, je fais « YES », merci Robi!

La Légion – 15 décembre 2017

É.C. : Crois-tu qu’il y a une retraite possible ou si tu as envie d’aller jusqu’au bout?

C.R. : Heille…  Je te dirais comme réponse là, je n’y pense pas pour le moment!  Peu importe les artistes, c’est la peur d’arrêter.  C’est la maladie qui fait que tu te retires.

É.C. : Charles Aznavour l’a fait jusqu’au bout!

C.R. : Ouen, c’est ça!  Y’a tu une date limite sur l’artiste?  J’pense pas, à moins de maladie ou que t’aille dérouté au cours de ta carrière.  Tsé c’est toi l’artiste, si tu sais pas comment te vendre, tu va être obligé de te retirer.  Si tu fais rien pour avancer…  On devient une marchandise en tant qu’artiste, tu as quelque chose à donner au monde mais si tu ne le fais pas, faut que tu te retires inévitablement.  Si tu fais pas de photos, si tu te montre pas, tu es en train de décliner.  Tu vois j’ai faite une nouvelle vitrine la semaine passée et les gens disent « Wow! Wow! Wow! ».  Ça fait une vitrine théâtrale.  C’est ça que je veux.  Mais c’est ça évoluer, c’est ça avancer.  Ça sert pas à rien de t’asseoir sur tes lauriers, t’attires pu là.  Pour avoir le titre d’artiste, y’en a qui chante depuis deux ans et c’est des vedettes!  Non, regardes! Tu chantais au karaoké avant.  Tu fais huit chansons et tu es un artiste!  Ça marche pas de même!  C’est un gros titre « Artiste », sur les épaules.  Il faut que tu le mérite.   Tu dis pas « je suis un artiste » de même là.  Moi j’ai toujours dis que pour être artiste, tu dois avoir eu des joies et des peines, parce que ce métier est pas toujours faci8le.  Tu dois avoir eu des déceptions, des coupures de salaires, tu es mal reçu par un public, t’arrive chez vous tu es en larmes…  Faut que tu passes par toutes ces émotions là pis après ça…  C’est ça un artiste.  Ce n’est pas tout le temps de la joie, c’est pas vrai!  Pis y’a toujours de la jalousie : « Pourquoi lui, pourquoi pas moi! ».  Ben c’est parce que l’autre évolue, l’autre elle avance, elle change ses affaires, elle améliore son show, ses costumes…  Il faut que tu évolue, il faut que t’avances.   J’pense que moi, c’est ça ma peur.  Mais j’ai tellement de projets… Je suis trop actif pis j’ai plein de projet dans la tête.  Et ma santé est bonne, j’ai de l’énergie à revendre, je ne sais pas comment je fais.  Dans la cuisine, je fais la bouffe, je suis dans la salle et je jase avec le monde et je repars comme une fusée, j’va dans la loge et je reviens…  C’est sûr que je dois fatiguer les autres! Imagine!  Je suis pas capable de rester assis.  Tu vois, je te parle pis j’ai hâte de me lever debout.

É.C. : Selon mon enregistreur, cela fait 17 minutes qu’on se parle! (rires) Sais-tu à combien d’artistes tu as donné une chance de percer?

C.R. : Eh mon dieu!  Ouen, c’est une belle question à cent piasses.  À combien d’artistes j’ai donné des chances?  Moi je dirais une centaine comme il faut.  C’est rare que j’aie été artiste invité dans d’autre club, j’ai toujours été animatrice, peu importe les clubs.  Être une artiste invitée, ça m’est arrivée quelques fois en quarante-six ans (entrevue réalisée en mars 2023).  J’ai été artiste invité peut-être cinquante fois.  Parce que sinon, j’ai toujours été animatrice.  J’ai fait onze ans au Météor.  J’ai été animatrice au Cléopâtre, un an.  J’ai fait souvent L’Entrepôt avec Vicky Richard aussi.  J’en ai fait des projets.  Les nuits que j’ai passée à coudre.  Le Bedondaine trois ans, L’invi-thé un an et demi, C la Boîte à Chantal, déjà cinq ans…

L’invi-thé 2015

É.C. : Tes robes, tes accessoires, est-ce que tu les fabriques depuis les tous débuts?  Ta robe verte, c’est toi qui l’as faite?

C.R. :  Ah oui!  Elle est cousue tout croche là.   On s’entends-tu?  La finition, y’en a pas!  Dans ma tête, c’était beau là!  J’y ai mis une ligne de paillettes.

É.C. : Tu le faisais pour t’amuser ou si tu as suivi des cours de coutures?

C.R. :  C’était innée en moi la couture.  Moi j’adore créer.  J’adore prendre des silhouettes et leur donner d’autres formes.  Moi je suis en gars, un petit « boutte » de fille.  Je me disais : « Faut que tu sois bon là pour créer une silhouette de femme sur un homme ».  Pis vu que je couds pour les femmes, les filles, les gars aussi, il y a des trucs pour donner l’illusion d’avoir des plus beaux seins, des plus belles fesses…  J’ai toujours fait mes costumes.  J’en ai acheté quelques fois à Lily Champagne et les chapeaux c’est pareil.  J’en ai fait pour pas mal de monde, artistes travesties de l’époque.  J’avais des commandes!  Là, ça a beaucoup « slaké », il y a beaucoup moins de clubs.  C’est toutes des restos à spectacles maintenant.  Moi je suis le seul à avoir un resto-théâtre.  Lorsque j’ai un artiste invité, je demande aux gars d’arrivé avec un pantalon propre, pas déchiré.  Je me vois pas arrivé à côté de quelqu’un qui a des jeans déchirés pis moi en robe à paillettes.  Moi je m’ajuste à l’invité.e.  Ils le savent : les gars arrivez avec la barbe faite, les cheveux bien placés et de mettre du clinquant.  Pas des culottes courtes ou des bermudas! (rires) (Note du journaliste : Chantal fait référence à un moment où je ne pensais pas chanter et je suis arrivé en bermudas et camisole sur scène).

Météor

É.C. : Une autre grosse question, tu as fait combien de robes environ?

C.R. :  Heille!  Combien de robes j’ai fait?  Dans toutes mes années de carrières…  Je m’en suis fais entre trois et quatre milles comme faut.  Je ne les ai pas toutes ici, c’est sûr que j’en ai vendu parce que j’avais pu de place.  Des fois je m’arrête, mais j’avance en âge aussi.  C’est bien beau dire que je la mettrai dans cinq ans.  Mais dans cinq ans, je vais avoir cinq ans de plus! Faque y’as-tu une année que t’arrête, une date… Y’a pas de date de prévue, sauf que j’y pense là!  Ça commence à me rentrer dans la tête là.  Pas que je veux arrêter, mais de faire moins de costumes.  J’en ai tellement que je peux remettre les costumes que j’ai mis, il y a quatre ans.  Les gens croient que c’est neuf, mais non!  C’est sûr que je me fais de nouveaux costumes mais je m’en fais moins.  Je te donne un exemple :  Mettons que je me faisais cinq costumes en cinq jours, maintenant je vais en faire juste deux.  Ça prend de l’espace aussi, ça prend de la place.  Ça paraît pas, mais il y a au-dessus de mille deux cents costumes ici (loge), c’est parce que c’est tellement « tapé ».  Ça prend du bras pour tasser les costumes!

É.C. : Si c’était à refaire, comme disait Dalida, est-ce que tu le ferais différemment ou tu le referais exactement pareil?

C.R. :   Je pense que je le referais pareil.  Je ne le regrette pas. J’ai eu beaucoup de déceptions, j’ai eu des peines, des rages, le chamaillage entre artistes, la jalousie…  C’est incroyable ça!  Mais non, je referrais la même chose.  Ouen!  Par où je suis passé, c’est ça qui m’a permis d’évoluer.  Parce que si j’avais eu tout cuit dans le bec, au début, on passerait pas d’entrevue!  Je serais pas là, j’aurais pas le temps pour ça.  Tsé, si j’aurais eu toute comme je voulais au début…  Ben non, ça marche pas comme ça.  C’est comme la vie, tu évolue tranquillement.  Tu te place dans la vie mais dans le milieu (artistique), c’est la même chose.  TU te place et TU prends ta place.  Moi je sais comment prendre ma place et je sais comment m’imposer.  Pis j’le fais encore.  J’m’impose!  Moi là, tu m’ouvre la porte d’un pouce, j’la défonce.  J’ai pas peur de ça les portes.  Comme je te dit, y’a pas grand-chose qui m’impressionne dans la vie.  Ce qui m’impressionne, c’est le public, quand ils sont là à nous attendre, quand ils applaudissent, quand ils sont là avec le sourire dans le visage : Tu le sais que tu leur fais du bien!  C’est ça ton cadeau.  C’est ça ton salaire.  Nécessairement, faut que tu sois payé mais à la base, c’est les applaudissements et les sourires du public.  Pis des amis qui te suivent depuis des années, s’ils sont là c’est parce que tu leur fais du bien, pis tu leur fais changer les idées.  Sinon, ils ne te suivraient pas.  Ils veulent voir ton évolution.  La passion aussi est là.

Chantal et son Garden Party – Février 2020

É.C. : Dans le fond, on le voit car tu as une interaction avec le public, qu’on ne verrait pas ailleurs.  Le public t’envoie des blagues, te répondent à ce que tu dis.  Toi tu leur réponds aussi, tu jase avec eux même si tu es sur scène.  On ne verra pas ça ailleurs, c’est rare qu’on voie ça!

C.R. :  Des fois j’aime ça cette interaction là : Le public me pose des questions, moi je leur réponds.  Je m’adapte.  Même si je porte un costume qui vaut cinq milles, pas grave, c’est moi qui l’ai fait ce costume là.  C’est ça cette magie là.  Il faut s’adapter aussi parce que, t’as affaire à des verts et des pas mûrs parfois dans le public.  Des fois, il t’envoie des choses assez croustillantes…  Tu peux pas tout le temps répondre, faque tu essaie de dévier sa question.  Mais il faut que t’ailles la réponse facile, parce que si tu l’as pas, tu te fais écraser.  Des fois, j’aime mieux avoir l’air deux de pique que la personne qui est devant moi.  Je vais y laisser croire qu’il a gagné.  Je vais juste me passer la main dans le visage, pis me dire « bin oui ».  Moi je ne suis pas un chanteur ou une chanteuse.  Je suis comme un humoriste.  Tsé Robi là, il prend Chantal et la transforme.  Je fais mes « jokes », mes personnages sur la scène.  Je m’amuse là-dedans, je carbure là-dedans. Faque je peux dire à peu près tout ce que je veux.  Si j’étais un chanteur ou une chanteuse, je pourrais pas dire « vous me tomber toute sur les nerfs » et que le monde parte à rire.  Tandis qu’avec Chantal, ça passe bien, le monde se mette à rire.  Quand je demande si ça va bien, le monde répond « OUI ».  Si je dis : « Êtes-vous positif? », ça répond « OUI! », je dis « Sacrez toute votre camp, vous êtes positif! ».  Le monde rit et le prenne bien.  Parfois je vais lâcher un petit sacre, il rit encore, parce que je suis entre les deux (Robi et Chantal).  Je suis un artiste polyvalent, je suis comme un humoriste.  Il y a Robi, il y a Chantal, je peux presque dire tout ce qui me passe par la tête.  Mais je connais la corde raide, je tomberai pas en bas.  Y’a des mots que je ne peux pas dire.  Y’a des mots que j’envoie, qu’un chanteur ou chanteuse ne pourrait pas dire, mais moi ça passe bien.  Je pense que j’ai le beau rôle de ça.  J’aime ça.  Parfois les gens m’envoient des questions, ou « pas des vacheries » mais ça ressemble un peu à ça.  C’est correct!  Je m’offusque pas de ça parce que moi je leur relance le double.

É.C. : Dans le fond, ça reste dans le respect pareil…

C.R. : Oui c’est ça.  Exactement.  Pis tés, les hétéros, quand certains me regardent, ils se disent « si elle serait une vraie fille » …  Mes yeux parlent!  Même dans mes amis, je les regarde pis l’imagination va loin des fois.  Les filles c’est pareil!  Mais les filles eux autres, c’est les clinquants, les bijoux, les costumes, la taille…  Mais ça je fais attention à ce que je mange, je fais des sacrifices.  Je dois l’aimer en tas ce métier là pour faire ça!  C’est pas tout le temps évident là!  Moi aussi je veux manger comme tout le monde!

Spectacle d’Annette Arsenault – 4 mars 2023

É.C. :  Des fois je te vois travailler sur ton programme, comme celui que je vois là, celui d’hier.  Tu es tellement concentré quand tu fais ça.  On dirait que tu es en train de vivre le show juste en l’écrivant.

C.R. : Oui c’est ça, en écrivant mon show, c’est sûr que j’embarque là-dedans.  Je connais mon gestuel, mes costumes…  Pis c’est de savoir où les placer ces numéros là, dans quel ordre.  Un show c’est en trois étapes : le clinquant en ouvrant, l’amusement au milieu et tu as ta finale, qui doit être « punchée », croustillante pour que le monde se souvienne de toi.  Parce que le monde se souvient toujours de l’ouverture et de la finale.

É.C. : La finale d’hier soir, on va s’en souvenir!

C.R.: Somewhere over the rainbow là…  Pis l’émotion arrive, ça vient me chercher tout ça!  Parce que tu embarque dedans, tu te laisses couler vers la chanson, vers la musique.  Pis un duo, y’a un impact sur les yeux qui parlent, sur le mouvement et le « lypsing » aussi.  C’est la symbiose, quand tu fais un duo, cette énergie là, on se la transmet tous les deux.  Tous les duos, c’est comme ça.  S’il n’y a pas de symbiose, ça ne passe pas et les gens le ressentent.  Que ce soit une chanson d’amour, une chanson d’époque…  Mais peu importe, les duos, faut qu’il y ait une chimie.

Dalida en 3 temps – 10 mai 2019

É.C. : C’est comme le duo avec Nadyalise (Peronne) de l’Aigle noir ou celui de Profession artiste avec Myreille (Proulx).  Ce sont tous des beaux duos, aussi ceux avec Sexy Paul, il y en a plusieurs.

C.R. : Oui et celui de Dalida et Petula Clark avec Lady Stéphane.  En plus de nos duos comiques.

Il y en aurait eu encore beaucoup à dire sur Robi Chantal Robert.  Notre rencontre n’a duré que trente-cinq minutes.  Peut-être pour ses 50 ans!  Toujours est-il que j’ai eu beaucoup de plaisir à interviewer Robi et j’en ai appris des choses.  Merci Robi pour ton temps.  Robi sait ce qu’il veut et Chantal Robert (sa sœur) nous fait rire, nous fait rêver et nous fait pleurer.  Pour la voir, elle est toujours en spectacle les samedis soir à C La Boîte à Chantal, située au 13305 rue Sherbrooke est, Pointe-aux-Trembles, au coin de la 36e avenue et Sherbrooke est, à la Place de la Pointe.

De plus, tous les vendredis, c’est La soirée de karaoké, animée par Sexy Paul.  Une fois par mois, le vendredi, Myreille Proulx nous chante quelques chansons et toujours une fois par mois, nous avons le couple et duo Carole Demers et Gerry Show.  Surveillez la page Facebook, un concours débute le 29 mars : Chante moi ton idole.  Les artistes qui veulent chanter n’auront qu’à apporter leur clé USB.  Le variété à Chantal c’est toujours le samedi avec Chantal Robert et un-e artiste invité-e.  Et le dimanche c’est une soirée pour vous!  Vous voulez rendre hommage à quelqu’un de votre entourage, célébrer un anniversaire, Marjolaine « Marjo » Vachon et Pierre Collins vous accueilleront avec joie.  Encore une fois, les artistes, apportez votre clé USB.   Il est important d’appeler pour réserver puisque les places sont limitées.  Pour réserver le samedi ou le dimanche, appelez au 514 758-3281 ou encore, rendez-vous sur la page Facebook Chantal Robi.

Hommage à Annette Arsenault – 3 juillet 2022

Spectacles à venir à C La Boîte à Chantal :

-Samedi 10 février – Lady Stéphane (personnificateur) et Pierre Dionne (chanteur)

-Samedi 17 février – Éric Constantineau (chanteur)

-Samedi 24 février – Sylvie Huard (chanteuse)

-Samedi 2 mars – Marc Dylan (chanteur)

-Samedi 9 mars – Le duo Tendresse (chanteurs)

-Samedi 23 mars – Christine O’Brien (chanteuse)

-Vendredi 29 mars – Chante moi ton idole!  Première du concours de chant animé par Carole Demers et Gerry Show

-Samedi 30 mars – Lady Stéphane (personnificateur)

Crédit photos: Éric Côté