Elle nous aura fait rire, pleurer et sauter de joie, Madame Popcorn, 29 ans, prend sa retraite le 15 avril prochain avec son dernier spectacle éclatant. J’ai rencontré pour vous Luc Leblanc, créateur de Madame Popcorn.
Éric Côté – Quand a commencé l’histoire de Madame Popcorn?
Luc Leblanc – Le nom de Madame Pop Corn a commencé en 2012. Avant j’ai toujours roulé sous le nom de Luc Leblanc, depuis 1994. Quand j’ai commencé par faire des événements plus du côté hétérosexuel, je ne voulais pas que le nom de Luc Leblanc apparaisse, avec une perruque pis du make-up sur un poster. Ça aurait faite bizarre. Donc je me suis trouvé un nom fictif. C’est un nom pour aller chercher plus dans le côté hétéro que Luc Leblanc aurait pu le faire avec une perruque.
EC – Tu as répondu à deux ou trois questions déjà! lol Mais comment a-t-elle commencé? D’où t’es venu l’idée de la créer?
LL – Ça fait longtemps, en 1994, je gardais mon nom dans le temps. Je voyais de nouvelles drags arriver, avec des noms comme Réglisse. Des noms qui ne se voient pas dans la vraie vie, je me suis dis qu’un jour, si je devais changer de nom, j’aimerais m’appeler Madame Pop Corn ou juste Pop Corn. Mais en vieillissant, en 2012, je trouvais que je ressemblais plus à une madame qu’une mademoiselle! Donc c’est pour ça que je me suis appelé Madame Pop Corn.
EC – J’allais te demander pourquoi le nom de Madame Pop Corn mais…
LL – Parce que j’aime le pop-corn mais je ne penserais pas que ce soit basé là-dessus. C’est juste que je trouvais ça cool, c’est un personnage éclaté. Tu peux toute faire comme tu veux. Pis le pop-corn ça sent bon, pis… c’est ça!
EC – As-tu eu un modèle, une inspiration?
LL – Dans ma carrière, j’ai eu toujours comme Michel Dorion et Gerry Cyr, qui étaient toujours comme en arrière de moi ou en avant de moi. Je me suis beaucoup inspiré d’eux autres. Faut que je sois honnête, je ne me suis pas inspiré de Lady Gaga, elle a rien faite. Mais dans le temps, à l’époque, c’était vraiment Gerry Cyr et Michel Dorion.
EC – Tu allais veiller à Montréal et tu les as croisé genre?
LL – Non mais l’affaire qui est arrivé, c’est que moi je me suis inscrit dans le concours au Cabaret L’Entre-Peau en 1994 et j’ai gagné. Mais avant de m’inscrire au concours, j’allais déjà à L’Entre-Peau et je les voyais comme artistes et je les trouvais drôle, je les trouvais bons. Faque en faisant le concours, si je gagnais, j’étais pour travailler automatiquement pour eux autres. Et c’est ça qui est arrivé. Ils m’ont toujours donné pleins de conseils. Tout le temps, tout le temps, tout le temps! Pis des bons conseils là, pas des conseils banals, comme côté vêtements, musique, ce que je devrais faire, ce que je ne devrais pas faire. Ils ne décidaient pas, ils faisaient juste me donner des conseils parce que des drôles, il n’en avait pas beaucoup à l’époque.
EC – Donc si tu as participé à un concours, tu en faisais déjà avant?
LL – Non, je n’en faisais pas, j’ai commencé au concours. Mais deux ou trois mois avant le concours, j’ai été voir ça quel genre de bar c’était. Je ne savais pas c’était quoi. Si on recule en 1994, je n’étais pas vieux. J’avais l’âge de sortir mais je n’étais pas ben vieux, je ne savais pas c’était quoi! Faque quand j’ai vu ça, je me suis dit : « Ah c’est l’fun! ». Pis là quand j’ai gagné le concours, ils n’ont pas eu le choix de m’engager. Et ils m’ont amené à Québec et un peu partout. C’est un peu de même que j’ai fait mon nom.
EC – As-tu commencé à créer tes costumes et accessoires dès ses débuts?
LL – Ben tout de suite dans mes débuts parce que ce sont des costumes et des accessoires qu’on ne peut pas trouver nulle part. Astheure oui, il y a des magasins de ça mais à l’époque, ce n’était pas comme ça. Et chaque costume était pensé et original. Tu ne pouvais pas t’acheter de la petite robe du Château parce que ce n’est pas ça que les gens veulent voir. Ils veulent voir du spectacle. C’est la même chose que les artistes qui défilent sur les tapis rouges, ils ne portent pas quinze fois la même robe. Ça prend des costumes différents, c’est ça qui coûte cher dans ce milieu-là. Mais un moment donné, ça devient payant parce que tu te fais un nom pis tu es engagé partout. C’est de même que tu fais un peu d’argent finalement.
EC – Pourquoi Madame Popcorn prend sa retraite?
LL – As-tu déjà été en voyage toi? (EC – Oui) Combien as-tu de valises? (EC – Habituellement juste une) Ben c’est ça. Madame Pop Corn a deux, trois, quatre valises en plus des perruques dans les mains. Je n’ai que des gros costumes. Des fois, on fait des bars, des clubs qui ont trois ou quatre étages. Faut toute que tu montes tes valises, faut toute que tu les redescende. Pis à la fin du show, tu es un peu fatigué comme tout le monde. Faut toute refaire les valises et les redescendre, une à la fois et remonter chercher les autres… Et là tu arrives chez vous, il faut que tu les défasse, replacer sur des cintres. Ça c’est juste pour un spectacle. Je suis fatigué. Mon corps est épuisé. Avec la nouvelle drag qui sort, les gens s’attendent à des gros costumes, mais c’est rendu impossible de te changer entre deux chansons. Il faut que tu te changes vite.
Pis le goût est moins là. Être drag queen, il faut avoir un petit côté bébé aussi. Il faut être un peu adolescent dans l’âme parce que tu dois faire rire. Ça dépend quel genre de show tu veux donner. Je voulais arrêter à 50 ans, ça fait longtemps que j’le dis. Mais la pandémie a toute changé mes plans. Pis de trouver des nouveautés tout le temps, je ne me vois pas faire du Britney Spears ou du Selena Gomez, pis nos vieilles chansons dans le temps comme Mireille Mathieu ou Chantal Paris. C’est pu cette mode là ben ben. Y’en a qui l’ont encore, pis qui a encore du monde qui vont voir ça. Quand tu fais des gros événements de même, ça te prend toujours des nouveaux numéros. Là, cette année pour finir, pis c’est la première fois que je n’ai pas travaillé autant sur un spectacle dans le sens que je prends des vieux hit. L’an passé, je ne les ai pas faits et des gens m’ont demandé pourquoi car ils avaient amené du monde pour ça. Je croyais qu’ils étaient tannés de les voir, mais non! Un moment donné, je ne sais plus sur quel pied danser.
Juste pour te dire, mes costumes sont donnés. Le 15 avril, je les fait une dernière fois, mais mes costumes sont toute donnés. Faque c’est sûr que je ne pourrai pas me repartir, à part que de me refaire toute une panoplie de costumes au complet. Mais ça coûterait cher.
J’aime encore la drag queen mais la passion n’est plus là. Quand la passion n’est plus là, ne te pose pas de questions, tu va toujours y aller de reculons.
EC – De ce que j’ai vu, ça fait 29 ans, comment te sens-tu? Pars-tu l’esprit libre et serein?
LL – Oui ça fait 29 ans. Je n’ai pas été capable d’attendre à 30. Mon dieu oui, t’as pas idée! Je suis même prêt à aider. Tu va voir à mon show, j’ai demandé à une tite drag queen, qui a gagné à Drag Queen Québec, « Amène-moi des flyers et je vais parler de ton show. On est là pour s’aider entres drags queen ». Ce n’est pas parce que j’arrête que je ne ferai rien pour les autres. Eva Moist a été invité mais finalement il a trop de job. C’est correct car il a commencé en bas de l’échelle et j’admire ça. J’ai vendu mes billets pareil! Et j’ai le goût de sortir, de voir des amis.
EC – Le spectacle du 15 avril, c’est notre dernière chance de la voir. J’imagine que le spectacle sera tout un party?!
LL – Ça va être un méchant party, oui j’imagine; Cinq artistes invités plus moi. Parce que c’est ben beau être, et je ne dis pas ça méchamment, une vedette, les gens ce n’est pas juste moi qu’ils viennent voir! Ils viennent vois aussi les artistes invités. En spectacle, j’ai Réglisse avec moi depuis plusieurs années, Mégan Cartier et Kimber Lay. C’est trois là reviennent avec moi parce que ce sont des gens avec qui je suis habitué de travailler. Pis quand tu es habitué de travailler avec des gens, c’est plus facile. Toute coule et tu ne te casse pas la tête. Je suis souvent allé à Montréal mais j’ai travaillé plus avec ceux de Québec à la fin de ma carrière. Je ne regrette pas, c’est devenu des amis aussi. J’ai également La Dorris et Ciatha Night. Pis j’ai un chansonnier aussi qui va chanter pendant le souper, Gabriel Lemaire. Il chante bien, il est sympathique et il attire du monde. Et tant qu’à finir, on finit ça ne beauté, au même endroit. Ça me tentait pas de finir ma carrière dans un sous-sol d’église où les perruques touchent presque le plafond parfois.
EC – Des projets (apparitions ou autres) pour la suite ou c’est carrément terminé?
LL – Ah c’est carrément fini avec Madame Pop Corn. Je n’ai rien à lui faire dire de plus. Si j’ai de quoi d’autre, j’inventerai un autre personnage mais je n’ai pas le goût à ça pantoute. Là j’ai d’autres projets comme m’acheter une maison, j’ai plein de choses à faire! Mais pas de spectacle, j’ai assez donné. J’aime mieux arrêter maintenant et de vendre mes billets sans problème que d’attendre d’avoir de la peine à les vendre parce que les gens seraient tannés de me voir.
EC – As-tu autre chose à ajouter?
LL – Les artistes invités, le chansonnier, eux ils ne prennent pas leur retraite. Ceux qui veulent venir me voir une dernière fois, c’est le temps. Les autres continuent!
Madame Pop Corn s’éclate une dernière fois sera en salle samedi le 15 avril 2023 au Théâtre La Scène, du 300 av. de la Concorde, à Saint-Hyacinthe. C’est un souper-spectacle et l’événement est à guichet fermé. Vous pouvez suivre Madame Pop Corn sur son facebook. C’est un dernier spectacle, pour elle, qui en mettra plein la vue et les oreilles aux spectateurs qui seront présents. Pour obtenir un des derniers billets : 514-409-0030. Pour visionner le vidéo sur les 29 ans de carrière de Madame Popcorn, un résumé mais un bon résumé : https://www.youtube.com/watch?v=-sO5cFIcglQ
Crédit photos: Courtoisie sauf avis contraire.