Un garçon aussi brave que fragile, ses parents pas toujours contents, et un accident : Cœur-Coquin, son oiseau, s’échappe de la maison. Les poèmes de Perruche en capturent le chagrin, tout en montrant le bonheur de rêver et d’être libre.

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Paru en même temps que Peigner le feu (Jean-Christophe Réhel), Perruche est une autre très belle découverte publiée par la Courte Échelle. Quel sentiment grisant que de voir de la poésie de qualité pour des jeunes du primaire et début secondaire.

Tout commence avec un événement tragique à la fin du mois d’octobre. Coeur-Coquin, la perruche de l’enfant prend son envol alors que la porte d’entrée reste ouverte trop longtemps, dans une matinée chaotique où les frères et sœurs se chamaillent et où la mère tente tant bien que mal de gérer la crise. Silence. Coeur-Coquin n’est plus là. Il ne reste que des plumes, la sensation de ses griffes sur un doigt, le bruit des ailes qui battent contre la cage. Comment apprivoise-t-on la rude épreuve du deuil à un si jeune âge ? Question déjà tabou chez les adultes, il est impressionnant de voir comment, à travers ces pages, se développent les sentiments (encore inconnus) qui frappent le garçon.

les orages électriques entre mon père et ma mère

m’apprennent qu’il est risqué

de se parler

et certains matins

je voudrais être

mon voisin Lukas qui a des appareils aux oreilles

pour les éteindre quand je veux

L’écriture soigné de Virginie Beauregard D. alternent entre des moments à l’école (je pense au sac de chips / sur lequel je me lancerais à deux pieds / pour faire sursauter tout le monde / je souris dans le vide / mais je m’en fiche / c’est drôle) des moments à la maison (j’entends siffler la cafetière / avant d’en sentir l’odeur / je reste / dans mon lit / jusqu’à ce que j’aie trop faim) ou des pensées sur le départ de l’oiseau (c’est là que le temps s’est arrêté / que le ciel a avalé l’oiseau / que l’infini a mangé ma perruche).

L’évolution du récit prend forme au fur et à mesure des poèmes avec le plus grand naturel. On sent que les jours passent, que les douleurs vives deviennent pastels (dixit Grand corps malade) et que le petit garçon apprivoise lentement le vide laissé par son animal de compagnie. On s’attache rapidement au narrateur et on se revoit à l’aube de notre premier deuil d’enfance, quand notre animal de compagnie préféré nous quittait. Un recueil profondément touchant.

Poésie jeunesse, certes, mais qui a autant d’impact sur les adultes que sur son public cible.

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Perruche

Virginie Beauregard D.

À partir de 9 ans

Format : 13 cm x 18 cm

Nombre de pages : 64

Date de publication : Octobre 2019

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