(V)égaux. Vers un véganisme intersectionnel (Éditions Somme Toute)

Véganes, féministes, antiracistes, activistes queers et autres militant.es pour la justice sociale ne luttent-iels pas toustes pour cet idéal commun qu’est la fin de l’oppression des êtres sensibles ? Si cela semble tomber sous le sens, cette convergence et cette cohésion sont aujourd’hui réfutées par plusieurs, voire carrément combattues : il y aurait, d’un côté, les luttes humaines et, de l’autre, loin derrière, celles pour les animaux.

Pourquoi le véganisme, dans l’imaginaire de plusieurs, s’arrime-t-il si difficilement avec le concept d’intersectionnalité ? Pour quelles raisons son caractère politique est-il constamment répudié ? Le véganisme est-il condamné à être perçu dans les milieux militants comme un simple « mode de vie » ou encore une diète en vogue ?

Dans cet ouvrage polymorphe, douze artistes, poètes, essayistes, philosophes et humoristes s’unissent pour non seulement défendre les droits des animaux, mais aussi pour rendre visibles les liens entre le spécisme et les autres types d’oppression. Ensemble, iels réinventent un monde où les vaches et les chiennes ne sont ni insultes ni amas de chairs à exploiter, où aucun être sensible n’est soumis à l’esclavage ni à la soumission, où tous les corps, qu’ils soient couverts de poils, de plumes ou de paillettes, sont célébrés.

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Une des grandes questions qui habite les militant.es antispéciste ces dernières années pourraient être :  »Comment peut-on être contre une forme de discrimination, mais pas contre une autre ? » Car oui, le spécisme rejoint bien le rang des idéologies discriminatoires. En l’occurence, le spécisme est une discrimination basée sur l’espèce (animale). Ainsi, comment peut-on militer pour les droits et le respect des personnes BIPOC, des personnes vivants avec un handicap, des personnes âgées ou encore des personnes appartenant à la communauté LGBTQ2IA+ sans pourtant vouloir se battre pour la cause animale ? C’est de cette dissonance cognitive, très tenace, sur laquelle se penche les collaborateur.trices de cet essai ô combien pertinent.

(V)égaux n’est pas le premier essai du genre, mais sa particularité est qu’il envisage l’approche du spécisme selon une approche intersectionnelle, c’est-à-dire là où se recoupe les autres types de discrimination. On y parle notamment des liens entre domination masculine envers les fxmmes et domination envers les animaux femelles (les femelles sont celles qui sont le plus sujet à exploitation, comme les vaches à qui on enlève leur progéniture, les poules pondeuses dans les usines d’œuf, etc), ainsi que de la manière dont capacitisme (discrimination basée sur une forme ou une autre de handicap) et spécisme se rejoigne.

Les questions et sujets abordés sont aussi troublants que nécessaires. Considérant que l’exploitation animale est la 3ème cause de pollution sur la planète, que l’espèce humaine est responsable de 80 milliards d’animaux tués sauvagement à chaque année, que l’exploitation animale occupe un très grand pourcentage du territoire et détruit des terres arables, il est plus qu’urgent de s’interroger sur la manière dont nos privilèges détruisent littéralement la planète sur laquelle nous vivons.

Pour certain.es, devenir végane est un privilège. Mais si on y réfléchit bien, ce n’est pas tant un privilège (même si cela demande certains efforts de déconstruction) plus qu’un désir d’abolir ce privilège de consommer des produits animaux. Plus le temps passe et plus l’offre d’aliments à base de produits végétaux devient grande, plus les prix sont abordables et moins cela encourage l’industrie du lait, des oeufs et de la viande. Au Québec, l’industrie du lait est un lobby très puissant (à en voir les publicités digne d’une propagande sur d’immenses panneaux pour inciter les gens à boire du lait – produit qui en réalité n’est pas du tout nécessaire au bon fonctionnement des êtres humains). Comment se débarrasser de notre privilège, céder à ce confort mental ? Parce qu’en effet, tout produit animal possède son alter-ego végétal (huile d’olive au lieu du beurre, sirop d’érable à la place du miel, le tofu et le seitan à la place de la viande, fauxmage de noix au lieu du vrai fromage, lait végétal à base de céréales, de noix ou de pois – tout est possible !). Pour le bien-être de tous.tes les êtres vivants, l’exploitation animale doit cesser. Pour espérer mettre toutes les chances de notre côté, il faut apprendre à céder nos privilèges et une part de notre confort si nous ne voulons pas voir l’entièreté des espèces (y compris celle des humains) disparaître. Tout cela ne se fait pas en jour : c’est en déconstruisant pierre par pierre nos mauvaises habitudes que nous pourrons atteindre notre objectif.

Devenir végane au XXIème siècle n’est pas une mode, un choix gastronomique bourgeois ou une manière d’attirer plus d’abonné.es sur les réseaux sociaux : c’est un mode d’emploi vers la survie de notre espèce.

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Sous la direction de Marilou Boutet

Titre: 

(V)égaux. Vers un véganisme intersectionnel

Auteur: 

Marilou Boutet

Sayaka Araniva-Yanez

Dalila Awada

Rébecca Bucci

Élise Desaulniers

Laura Doyle Péan

Sarah Fravica

Valéry Giroux

Jean-François Labonté

Thomas Lepeltier

Axelle Playoust-Braure

Alexia Renard

176 pages

Parution: 

2021

Copyright: 

Tous droits réservés

ISBN-13: 978-2-897-94-231-1

Prix: 

19,95$

https://editionssommetoute.com/Livre/vegaux-vers-un-veganisme-intersectionnel

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SUBMERSIBLE – CAROLANNE FOUCHER (ÉDITION DE TA MÈRE)

ma psy dit que 
c’est pas une dépression 
c’est une mauvaise passe 
qui s’explique par les événements 

je voudrais passer à autre chose
sincèrement 
je voudrais être heureuse
abracadabra
je vais mieux 

c’est juste une mauvaise passe
c’est pas contagieux le suicide de quelqu’un qu’on aime
ça fait juste très très mal

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Perdre quelqu’un qui nous est cher est toujours une épreuve traumatisante et qui laisse des marques profondes. Que ce soit la perte d’un des membres de notre famille, un.e meilleur.e ami.e ou notre partenaire de vie, une disparition comme celle-ci ne se fait pas sans remous.

Avec Submersible, Carolanne Foucher aborde les impacts d’une telle disparition. Après avoir tenté, sans succès, de sauver son partenaire, l’autrice tombe dans une spirale infernale nourrie par la culpabilité, la honte et le désespoir. Comment revient-on d’un tel acte ? Comment ne pas se détruire de l’intérieur ? Est-il possible de se reconstruire sans se faire dévorer les souvenirs de la personne disparue ?

Par un long chemin de croix qui ne semble plus en finir, la protagoniste décortique non seulement les différentes étapes du deuil (qui sont cycliques et non pas successives) mais également les tentatives pour se raccrocher à quelque chose, à quelqu’un pour ne pas couler elle aussi.

c’est pas contagieux le suicide de quelqu’un qu’on aime

ça fait juste très très mal

Toutes les solutions semblent bonnes, à commencer par fuir la ville dans lequel l’acte a eu lieu. Une tentative de trouver de nouvelles respirations dans la nature, dans les rivières du Québec. Dans les souvenirs que l’on essaye de garder vivant par le biais d’une boite vocale. Dans l’autre, aussi. Mais jusqu’où l’autre, un amant, peut-il devenir une bouée de sauvetage ? Est-ce que les gens en détresse attirent les personnes-bouées ? Entre ce désir de vouloir sauver l’autre de sa détresse et celui d’être aimé, la ligne est parfois trouble. Peut-être qu’on cherche simplement à changer le mal de place, en attendant que ça passe, même si ça ne semble jamais passer, même si les centaines de nuit en larme s’enfilent et se ressemblent toutes. Même si la douleur peut parfois nous rendre égoïste.

Les causes d’un suicide sont toujours complexes et Carolanne Foucher, en toute honnêteté, ne cherche pas à les énoncer ou à les décortiquer. Elle propose plutôt un récit sensible, empreint de détresse, celui d’une personne qui cherche une branche à laquelle s’accrocher péniblement pour ne pas, elle aussi, sombrer.

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Submersible

Carolanne Foucher

Édition de Ta Mère

ISBN : 978-2-925110-27-9
144 pages, 20$

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GUIDE DU MAUVAIS PÈRE (INTÉGRALE) – ÉDITION DELCOURT

Une édition intégrale du Guide du mauvais père ? C’est plus de 300 pages de mauvaise foi et de gamineries assumées avec un talent sans cesse renouvelé. Peu importe l’âge des enfants, papa Delisle est toujours inspiré.

Oublier le passage de la petite souris, inventer une histoire de tueur psychopathe à la tombée de la nuit, rivaliser de puérilité avec ses enfants, gagner en trichant et les mettre au défi de faire pire… Guy Delisle, un mauvais père ? Non, un auteur de bande dessinée qui sait puiser l’imagination là où elle se trouve, avec un sens aigu de l’observation et une bonne dose d’autodérision.

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On ne présente plus Guy Delisle et son humour pince sans rire. En parallèle de sa série à succès sur les documentaires de voyage (Chroniques de Jérusalem, Birmane, Pyongyang…), l’auteur avait créée sur plusieurs années une série de petits livres intitulés  »Guide du mauvais père ». Les fans de Guy Delisle pourront se réjouir avec la sortie de l’intégrale de ces planches dans lesquelles l’auteur se met en scène avec ses enfants.

Nous prenant souvent à contre-pied, Delisle nous partage des tranches de sa vie quotidienne avec ses enfants. Bien sûr, là où on penserait le voir agir en adulte et prendre la responsabilité de ses erreurs (oublier de mettre une pièce sous l’oreiller de son fils ayant perdu une dent – sacrilège !) ou encore s’assurer que ses enfants se sentent en sécurité (au lieu de raconter une histoire de tueur en série juste avant que ses enfants ne s’endorment), Delisle aime jouer au faiseur de tour. Parfois, on ne peut s’empêcher de se dire que c’est tous.tes ce que nous aurions eu envie de faire dans ce genre de situation (tellement nos enfants peuvent nous donner envie de nous arracher les cheveux), mais quelque chose nous retient. La morale ? Le désir de protéger malgré tout ses enfants de notre frustration ? Bien sûr, l’auteur joue avec humour sur ces thématiques familiales et arrive toujours à nous tirer un sourire, sinon un éclat de rire. Dessiné.es dans un style sobre bien à lui, ses enfants, même si parfois turbulant.es, sont attachant.es et mignon.nes.

Le Guide du mauvais père (intégrale) est un cadeau parfait à offrir à quiconque a des enfants (ou en a déjà eu). Nul doute que les référents sauront toucher les adultes ayant encore leur coeur de gamin.es.

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Série

Le Guide Du Mauvais Père

Collection Shampooing

Nombre de pages

304