Jusqu’au 13 avril, Premier Acte présente Embargo, une première pièce de théâtre de Lauren Hartley mise en scène par Olivier Lépine. Regard sur un huis clos amoureux dont les personnages ne peuvent sortir indemnes. 

Résumé de la pièce

Un salon.
Le Gars. La Fille.
Ils n’ont pas de nom, n’en ont pas besoin.
C’est jour de fête chez La Fille, pour l’anniversaire de sa sœur.

Le Gars se présente, cadeau en main. Ça fait pourtant des mois qu’ils ne se sont pas vus. Des mois qu’ils ne sont plus ensemble.

Commence la joute. Si La Fille prend plaisir à l’ignorer, Le Gars, de son côté, ne s’en ira que lorsqu’il aura obtenu leur réconciliation.

Et s’il réussit ? S’il gagne ? Il faudra que La Fille gagne aussi. Qu’elle y gagne quelque chose.

Avec la violence vicieuse des ego blessés, dans un salon qui, de plus en plus, prend les traits inquiétants d’une prison, Embargo questionne la place que prend l’orgueil dans les relations humaines et s’interroge sur la possibilité de le confondre avec l’amour.

Le Gars. La Fille.
Ces bêtes qu’on regarde au zoo, la face collée contre la vitre.
Qui est le prédateur, qui est la proie ?
On ne sait pas.

Sur un fond d’aveu d’adultère, le gars et la fille se confrontent donc, avec une rudesse verbale expressive sans être brutale, et où se confondent les élans du désir et de la douleur.

Mise en scène

Olivier Lépine joue bien avec l’espace scénique. La disposition de la salle rappelle celle d’une aréna où les gladiateurs se donnent en spectacle entourés des observateurs qui sont venus regarder une joute dont l’issue est mortelle. Ici, il s’agit d’un huis clos pour les deux personnages. L’affrontement est inévitable. L’espace est étroit. Le gars (Nicolas Dionne-Simard) et la fille (Lauren Hartley) doivent donc accepter de se livrer à l’autre. L’espace est dénudé, et l’action se passe surtout dans le jeu des rapprochements et des prises de distance, où seul un sofa tient office de refuge confortable pour les deux personnages.

Jeu des comédiens et texte

Les synergologues s’en donneraient à cœur joie de déchiffrer le jeu des comédiens, car leur expression faciale et leurs gestes en disent énormément sur leur charge émotionnelle. Les deux comédiens arrivent à nous faire croire à cette situation qui pourrait s’avérer exagérée par leurs personnages caractériels et opposés dans leurs agissements. Le gars décline un monologue assez long en début de pièce, on le trouve verbomoteur. La fille est explosive, avec des sautes d’humeur qui la rendent impossible à cadrer. On rit parfois devant le caricatural de la scène, mais on y retrouve aussi une caricature de nos propres travers, à différente échelle. Le texte possède la force d’évocation des rôles qu’on se donne en amour et tente de faire lever les vernis que nous apposons nous-même sur nos comportements qui n’expriment pas nécessairement notre vraie nature ou nos vrais besoins.

Embargo, présenté à Premier Acte jusqu’au 13 avril 2019. Une pièce divertissante qui incite à une réflexion sur nos propres réflexes relationnels.

  • Production: Collectif Cognac
  • Texte: Lauren Hartley
  • Mise en scène: Olivier Lépine
  • Direction de production: Marie-Claude Taschereau
  • Conception: Ariane Brière, Julie Godin et David Mendoza Hélaine
  • Distribution: Nicolas Dionne-Simard et Lauren Hartley
  • Durée: 1h15 sans entracte.