Le 7 février 2025, le film québécois Vil et misérable a fait son entrée dans les salles de cinéma, offrant aux spectateurs une expérience cinématographique unique et décalée. Réalisé par Jean-François Leblanc, ce long-métrage est une adaptation de la bande dessinée éponyme de Samuel Cantin.
L’histoire nous plonge dans l’univers de Lucien Vil, un démon morose et misanthrope vivant sur Terre depuis plus de 350 ans. Interprété par Fabien Cloutier, Lucien travaille comme libraire dans un concessionnaire d’automobiles usagées. Sa routine monotone est bouleversée lorsque sa patronne, Sylvie (Chantal Fontaine), embauche Daniel (Pier-Luc Funk), un jeune assistant enthousiaste. Ensemble, ils se lancent dans une mission périlleuse : récupérer une cargaison de livres rares au port de Montréal. Le casting principal est complété par Anne-Élisabeth Bossé dans le rôle de Karine, une autre démone, et Alexis Martin, qui incarne le psychiatre déjanté de Lucien, Stefano Von Strudel.
Fabien Cloutier est égal à lui-même, le rôle de Lucien Vil ayant été écrit sur mesure pour lui. Pierre-Luc Funk livre aussi une solide performance, mais son intensité que nous avons tant appréciée dans Plan B ne se retrouve pas ici, le sujet ne s’y prêtant probablement pas. On aurait aimé plus de substance dans le personnage de Karine pour apprécier encore plus les passages d’Anne-Élisabeth Bossé à l’écran.
Le film se distingue par son mélange unique de fantaisie et d’absurde. L’humour, bien que parfois poussé à l’extrême, reste ancré dans une certaine réalité, créant un équilibre délicat entre le surnaturel et le quotidien. Cette approche permet d’explorer la dichotomie entre le bien et le mal de manière originale, présentant de nombreuses zones grises qui remettent en question nos perceptions traditionnelles des comportements humains… ou démoniaques!
Le réalisateur Jean-François Leblanc a pris soin d’adoucir certains aspects plus crus de la bande dessinée originale pour rendre le film accessible à un public plus large, tout en conservant l’essence de l’œuvre de Cantin. Il y a parfois quelques dépassements qui auraient pu aussi être équarris, notamment la scène du karaoke qui s’avère un peu longue et trop suggestive. Par contre, l’un des points forts du film réside dans sa capacité à mêler humour et émotion. Leblanc a réussi le pari de faire rire son public tout en l’impliquant émotionnellement dans l’histoire. La relation qui se développe entre Lucien et Daniel, initialement antagoniste, évolue de manière touchante, reflétant ironiquement l’amitié née entre le réalisateur et le bédéiste pendant la production du film.
En conclusion, Vil et misérable mérite selon moi une note de 3 sur 5. C’est un bon film québécois qui ose sortir des sentiers battus, offrant une expérience cinématographique rafraîchissante. Son humour décalé et son univers fantaisiste en font une œuvre unique dans le paysage cinématographique actuel. Cependant, le film pèche parfois par excès, poussant certaines situations à l’extrême au risque de perdre une partie de son public. Malgré ces quelques écarts, Vil et misérable reste une comédie originale qui saura séduire les amateurs de cinéma québécois en quête de nouveauté.
Vil et misérable, un film de Jean-François Leblanc (Entract films) inspiré de la bande dessinée de Samuel Cantin
Distribution: Fabien Cloutier, Pier-Luc Funk, Anne-Élisabeth Bossé, Chantal Fontaine, Alexis Martin & Éric Robidoux
Présenté dans les spacieuses et confortables salles de cinéma Le Clap de Loretteville et de Québec